Le "made in France", l'un des thèmes phares de la campagne présidentielle, a du plomb dans l'aile. Alors que Renault inaugure jeudi après-midi sa nouvelle usine ultramoderne à Tanger au Maroc, la classe politique déplore "une erreur stratégique".
"Cette course au low cost, nous ne la gagnerons pas", juge l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin. Le candidat à l'élection présidentielle estime que "si on ne monte pas en gamme, on ne peut pas trouver d'espace". Il se redit "inquiet pour Renault".
Larcher évoque la "responsabilité sociétale" de Renault
Gérard Larcher, ancien président du Sénat, aimerait que Renault respecte sa "responsabilité sociétale" de produire français. "J ai envie que Renault produise aussi en France, à Douai comme en vallée de Seine, j'ai aussi envie que Renault travaille avec des sous-traitants français", a-t-il détaillé sur LCI.
Louis Aliot s'est montré plus direct sur Europe 1 en parlant de "véritable scandale". "On devrait empêcher un grand groupe français d'avoir cette politique de mondialisation à outrance, qui fait qu'aujourd'hui, ce sont des ouvriers français qui sont au chômage", a argué le vice-président du Front national.
Cette semaine, Nicolas Dupont-Aignan avait été l'un des premiers à fustiger cette délocalisation qui fait de la France le "dindon de la farce". Pour lui, cela "ne profitera même pas aux Marocains", en plus d'organiser "la misère dans notre pays".
Avant lui, Arnaud Montebourg avait critiqué cette obsession des industries automobiles à "aller chercher le low-cost. Elles le regretteront", a commenté le député PS de Saône-et-Loire. "Comment faites-vous pour vendre des voitures où vous ne les produisez plus, où vous détruisez le pouvoir d’achat qui va avec ?", s’est-il interrogé sur Europe 1.
"Pas au détriment de la France"
Jeudi matin, face au flot de réponse, Carlos Ghosn, le patron de Renault a tenu à rassurer tout le monde. Il a expliqué que cette implantation marocaine "ne se fait pas au détriment de la France", répétant que pour être concurrentiel, son groupe n'a d'autre choix que d'aller "dans des pays dans lesquels il y avait d'un coté une main d'oeuvre abondante, qualifiée, et aussi des coûts extrêmement compétitifs".
Ghosn a également réfuté la concurrence entre Dacia et Renault. Dacia "est une marque de conquête qui nous permet de rentrer dans les pays émergents et de préparer la venue de la marque Renault en permettant à des personnes qui n'ont pas beaucoup de disponibilités financières pour acheter un véhicule de rentrer dans la marque Dacia et après d'émigrer vers Renault", a-t-il affirmé.
Commercialisée à 12.000 euros
Dans l'usine de Tanger, où 6.000 Marocains seront employés, 250.000 véhicules seront produites par an. A commencer d'ici quelques jours par la Dacia Lodgy, le premier monospace low cost qui sera commercialisé en France au printemps au prix de 12.000 euros, soit deux fois moins cher que ses concurrents.
L'inauguration de la succursale marocaine a lieu à 16 heures en présence de Carlos Ghosn et du roi du Maroc, Mohammed VI.