Comment éviter que les jeunes Français partent faire le djihad ? La question agite la classe politique après les attentats de la semaine dernière. Chacun y va de ses propositions. Et à droite, certains en appellent déjà au grand retour du service national.
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Pour l'instant, l'idée est portée individuellement par des barons du parti. Le sénateur-maire de Troyes François Baroin, par exemple, imagine huit mois de service obligatoire pour une classe d’âge - 250.000 jeunes hommes et femmes - avec pourquoi pas une rémunération pour ceux qui sont engagés dans des études. Coût de l’opération : 4 milliards d'euros.
Identifier les jeunes en difficulté. Un autre ancien ministre, Xavier Bertrand, est allé jusqu’à préparer une proposition de loi qu'il présentera dans 10 jours. Le député de l'Aisne, candidat à l'élection présidentielle, croit à un service national obligatoire de trois mois, avec un encadrement militaire assuré par des retraités des armés par exemple. Cela permettrait selon lui d'identifier les jeunes en difficultés, d'aider à l’orientation ou encore de se mettre au service d’associations.
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Les anciens ministres de la Défense de l’opposition interrogés par Europe 1 sont partants, à condition que l'idée ne soit pas de revenir à la formation d'appelés pour défendre le territoire, ce qui n'aurait pas de sens à leurs yeux.
Ces initiatives venant de la droite pourraient surprendre, alors que la service national a été suspendu en 1996 par un certain… Jacques Chirac. Toutefois, l'idée de ceux qui planchent actuellement sur le sujet n'est pas de revenir sur la professionnalisation des armées. Il s'agirait plutôt de retrouver l'esprit du creuset républicain du service obligatoire : le cadre de l’autorité, le brassage des classes sociales et des cultures, etc.
"Il faut une armée professionnelle". Dans la majorité socialiste, on reste prudent. Le retour du service militaire, "je ne suis pas sûr que ça corresponde à la menace d'aujourd'hui", a réagi le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, mardi sur Europe 1. "Nous avons fait le choix d'une armée professionnelle et on voit bien, face aux risques que nous rencontrons, qu'il faut une armée professionnelle".
Toutefois, "il est souhaitable de renforcer le service civique et le président de la République l'a annoncé au moment de ses voeux", a ajouté le ministre. François Hollande avait déjà souligné en novembre sa volonté d'"élargir" le service civique.
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