Devinette : qui a prononcé le discours suivant ? "La France est confrontée à une offensive libérale de grande envergure. Ce qui est en cause, en définitive, c’est notre modèle social lui-même. Au nom de la démographie, il s'agit de remettre en cause la retraite à 60 ans, cette grande réforme de la gauche, de François Mitterrand, de Pierre Mauroy que je salue ici, cette réforme que nous devons défendre, qu’ils n’ont jamais acceptée et qui est aujourd’hui en péril".
Le mea culpa. Ce discours, c'est François Hollande lui-même qui l'avait prononcé, en 2003. Alors patron du PS, il dénonçait avec vigueur la réforme des retraites proposée par le ministre UMP des Affaires sociales de l'époque, François Fillon. Un peu plus de 10 ans plus tard, François Hollande est chef de l'Etat. Et il a été contredit, en public, par son propre Premier ministre, Manuel Valls.
Aux 50 ans de la CFDT, discours de Manuel #Valls#50ansCFDTpic.twitter.com/lWp6Gz7SL6— Camille Dorival (@camille_dorival) 5 Novembre 2014
Le chef du gouvernement s'est en effet livré à un incroyable mea culpa mercredi, en clôture du 50ème anniversaire de la CFDT. Après avoir salué le "courage" et le "pragmatisme" de la CFDT, "qui propose et qui noue des compromis", Manuel Valls a reconnu que la centrale avait eu raison de soutenir, seule contre tous, la réforme des retraites de 2003. Et que le PS avait eu tort de ne pas la soutenir. "Vous aviez raison de soutenir cette réforme et nous aurions dû, nous, députés socialistes", être avec vous", a-t-il concédé sans ambages.
"Nous aurions dû être à vos côtés". C'est peu de dire que cette sortie de Manuel Valls a fait sensation dans une salle remplie de militants CFDT qui - plusieurs nous l'ont confiés après le discours - ressentent encore les blessures de cet épisode de 2003. Cette réforme, rappelez-vous, alignait notamment la durée de cotisation des fonctionnaires sur celle des salariés du privé.
"Je le sais, ce ne fut pas facile. Ca vous a coûté cher. Des adhérents ont claqué la porte par dizaines de milliers. Mais vous aviez raison. Et nous qui étions dans l'opposition, nous aurions dû être à vos côtés", a insisté Manuel Valls. Un aveu qui prend tout son sel quand on se souvient qu'en mai 2003, le congrès du parti socialiste, réuni à Dijon, avait fait un triomphe à Bernard Thibault, chef de file de la CGT, fervent pourfendeur de la réforme Fillon, et qu'il avait conspué la CFDT.