Un débat houleux a suivi mercredi l'audition d'Eric Woerth par la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale. Pour la première fois, le ministre du Travail présentait son projet de réforme des retraites devant les parlementaires.
Ce premier contact avec les députés laisse présager des débats électriques sur le projet de loi en commission du 20 au 23 juillet, puis en séance publique à partir du 7 septembre.
"Une politique de shadocks"
La députée PS Marisol Touraine et Martine Billard (Parti de gauche) ont accusé le gouvernement de ne pas voir au-delà de 2018. Après, "c'est le trou noir", a lancé Marisol Touraine.
Martine Billard, observant que le "pic démographique "interviendrait en 2020, a, elle, fait remarquer au ministre : "vous allez siphonner le fond (de réserve) avant". "Et pour les femmes, votre réforme est une catastrophe".
"Vous nous avez traités de tous les noms d'oiseaux (...) lorsque nous avons proposé une réforme à l'horizon 2025. Vous nous avez dit que ce n'était pas sérieux, et aujourd'hui vous nous proposez une réforme qui s'arrête en 2018. Au-delà de 2018, c'est le trou noir. Concrètement, vous faites une politique de shadocks, vous creusez, vous pompez dans les réserves jusqu'en 2018. En 2018, le déficit aura progressivement disparu mais après, c'est la grande interrogation", a renchéri Marisol Touraine.
La réponse de Woerth au PS
"Vous ne parlez pas de réforme des retraites (...) depuis 20 ans", a rétorqué Eric Woerth en direction des socialistes leur reprochant de "politiser" le dossier. "60 ans en 1981, cela représente plus de 62 ans aujourd'hui avec l'allongement de la durée de vie", a poursuivi le ministre avant d'ajouter : "Vous ne raisonnez qu'en termes de photographie, en noir et blanc", a-t-il ajouté, suscitant des protestations.
"Je voudrais vous demander un peu plus de respect pour les positions que nous défendons", est alors intervenu le patron des députés PS, Jean-Marc Ayrault. "Il doit y avoir débat. En monopolisant la communication, vous voulez faire croire qu'il n'y a qu'une seule réforme possible, la vôtre", a-t-il conclu.