Les sénateurs vont avoir une marge de manœuvre extrêmement réduite. Alors que le débat doit débuter le 5 octobre prochain devant la chambre haute du Parlement, le ministre du Travail, Eric Woerth, balise très clairement le chemin dans une interview accordée au Parisien.
Les femmes, "ce n'est pas le sujet"
A propos des inégalités homme-femme, le ministre du Travail ne souhaite pas faire de différence. Il a assuré que "les femmes partiront à la retraite avec autant de trimestres que les hommes". Pour Eric Woerth, "la vraie question n'est plus celle de la durée de cotisation ou de l'âge de départ, mais celle de la différence des salaires. Cette différence explique pourquoi les pensions des femmes restent inférieures à celles des hommes. C'est scandaleux".
Quant à la proposition du président du Sénat, l'UMP Gérard Larcher, de maintenir la retraite à taux plein à 65 ans pour les femmes, mais aussi les hommes, dont les carrières professionnelles ont été interrompues pour élever au moins trois enfants, Eric Woerth ne la valide pas. Tout comme la secrétaire d'Etat à la famille Nadine Morano avant lui. "La plus grosse injustice encore une fois, c'est l'écart de salaire entre les hommes et les femmes", martèle-t-il.
Des bornes "non négociables"
"L'équilibre général du texte repose sur le recul à 62 ans de l'âge légal de la retraite et à 67 ans de l'âge de la retraite à taux plein. Ces bornes d'âge sont non négociables car elles sont essentielles à l'équilibre du système", répète Eric Woerth.
Le ministre du Travail ne définit que trois sujets d’amendements possibles : les femmes, pour qui il faut "aller au bout du débat sur l’égalité" avec les hommes, les handicapés pouvant bénéficier d'un régime de préretraite et les chômeurs âgés.
Reste que dans la perspective de la nouvelle journée de mobilisation de jeudi, le gouvernement pourrait être contraint à faire des gestes supplémentaires.
63% des Français souhaitent un grand débat sur les retraites, selon un sondage CSA pour la CGT à paraître mardi dans L'Humanité. Ils sont même 70% à ne pas être d’accord avec le cœur de la réforme, c’est-à-dire le report de l’âge légal de départ à la retraite. "Ce serait exagéré de dire que l'opinion a changé, mais elle focalise autour des mesures d'âge et on ne peut pas dire qu'elle évolue favorablement au fur et à mesure des semaines et des mois", commenté le directeur du département Politique-Opinion de l'institut CSA, Jean-Daniel Lévy.