Invité de l'émission A vous de juger consacrée aux retraites, le Premier ministre François Fillon s’est surtout attaché à faire de la pédagogie, expliquant sa réforme des retraites point par point. Sous les yeux d'une bonne partie du gouvernement, il n'a néanmoins pas annoncé la moindre concession aux syndicats.
"La réforme que nous proposons, elle est très raisonnable, elle s'inscrit dans une continuité après celles de 1993 et de 2003", a-t-il martelé, avant d’estimer que le gouvernement a été plutôt modéré dans sa réforme : "dans tous les autres pays européens, le débat est entre 65, 66, 67 voire 68 ans". Hormis les aménagements sur la pénibilité, la réforme des retraites ne bougera pas. François Fillon l’a répété, "on peut tourner le sujet dans tous les sens, si on ne travaille pas plus longtemps, on ne cotisera pas plus longtemps", ce qui provoquera donc les mêmes problèmes de financement.
Une réforme qui en appelle une autre
"Il faut admettre l’idée qu’il n’y a pas une réforme des retraites définitive", a lancé François Fillon, sans indiquer quelles pourraient être les nouvelles modifications du régime des retraites.
"Il faudra forcément réaliser des adaptations au cours de la mise en œuvre de cette réforme, il n'y aura jamais de réforme définitive, il faudra faire évoluer les choses", a-t-il ajouté, conscient que lui-même conduit déjà sa seconde réforme des retraites.
La déception des syndicats
Invité en première partie d’émission, l’intervention de François Fillon a été suivie de celle Bernard Thibault, de la CGT, et de François Chérèque, de la CFDT. Avant de passer la main aux représentants syndicaux, le Premier ministre en a profité pour les tacler : "Les organisations ont été très responsables dans la gestion de la crise mais sur ce point (les retraites), ils se trompent".
Les syndicats ont, eux, été déçus du discours de François Fillon, qui n’a annoncé aucune concession ou nouvelle proposition. "Je ne vois pas en quoi il y aurait quelque chose de nouveau de soir", a regretté Bernard Thibault. "Les choses ne bougent pas", a renchéri François Chérèque, qui a appelé de ses vœux "un effort, au moins provisoire" des plus riches pour rééquilibrer le système des retraites.
Woerth reste ferme
Pour conclure l’émission, Eric Woerth est intervenu en duplex depuis l’Assemblée nationale où ont lieu les débats sur la réforme. Le ministre du Travail a répondu à Ségolène Royal, également invitée de l'émission, en estimant qu’elle n’avait "pas réellement de propositions" sur les retraites. Le ministre a ensuite, brièvement, répété ce que Nicolas Sarkozy martèle depuis des semaines, à savoir qu’ "on vit plus longtemps, donc on doit travailler plus longtemps".
Au sujet de l’affaire Bettencourt, Eric Woerth n’a pas voulu s’exprimer. Arlette Chabot a demandé au ministre du Travail s’il avait proposé sa démission à Nicolas Sarkozy afin que la polémique, au coeur de laquelle il se trouve, n’entrave pas le bon déroulement de la réforme des retraites. Mais Eric Woerth a écarté la question en répondant : "ce n’est pas le sujet de ce soir".