Le gouvernement et l’Elysée ont atteint leur objectif, à savoir accélérer l’examen de la réforme des retraites, dans l’espoir de la voter définitivement avant la fin des vacances de la Toussaint. Le Sénat français a adopté vendredi par 177 voix contre 153 le projet de loi de réforme des retraites malgré un mouvement d'opposition massif qui a mobilisé des millions de personnes et entraîné une série de grèves.
Le groupe UMP qui, contrairement à l'Assemblée, ne détient pas la majorité absolue au Sénat, et une grande partie du groupe de l'Union centriste (UC) ont voté pour ce texte qui porte de 60 à 62 ans l'âge légal de départ à la retraite et de 65 à 67 l'âge permettant de toucher une retraite sans décote.
"Le gouvernement a voulu passer en force et c'est une corruption de l'esprit de la République. On avait déjà vu la corruption concrète du système Sarkozy, on voit là qu'il y a vraiment une corruption des mœurs politiques", a dénoncé Ségolène Royal à l'issue du vote sur France Inter.
Trois semaines de débat
Commencés le 5 octobre, les débats auront donc duré trois semaines et le gouvernement a décidé jeudi d'utiliser la procédure dite du "vote bloqué" qui, en limitant le nombre de scrutins, permet de gagner un peu de temps.
L'éxécutif avait, selon des sources parlementaires, demandé au président du Sénat, Gérard Larcher (UMP), d'accélérer les débats afin d'obtenir un vote avant le week-end et alors que le mouvement de contestation se radicalise.
Les "retouches" du Sénat
Par rapport au texte voté par l'Assemblée nationale, le Sénat a adopté plusieurs amendements qui maintiennent à 65 ans l'âge pour obtenir une retraite à taux plein, quel que soit le nombre de trimestres cotisés, pour certains parents.
Cette possibilité est préservée pour les parents de trois enfants nés avant 1955 ayant interrompu ou réduit leur activité professionnelle pour se consacrer à l'éducation de leurs enfants et pour les parents d'enfants handicapés.
Les syndicats continuent le combat
Les syndicats, qui peuvent se prévaloir du soutien de sept Français sur dix selon un sondage BVA pour Canal Plus publié vendredi, ne désarment toutefois pas et ont annoncé jeudi deux nouvelles journées de mobilisation, le 28 octobre et le 6 novembre prochain, pour obliger le gouvernement à négocier.
Une commission mixte paritaire Assemblée-Sénat va être convoquée dès lundi matin pour établir un texte commun aux deux assemblées. Ce texte sera ensuite soumis aux députés et aux sénateurs mardi et son adoption définitive est prévue au plus tard pour mercredi.