Un traitement médiatique et politique "inhumain". Jérôme Cahuzac s’est semble-t-il ressaisi. L’ancien ministre du Budget, qu’on disait dévasté après avoir reconnu avoir détenu un compte non déclaré en Suisse, est désormais un homme en colère. Selon Le Canard Enchaîné, il a jugé auprès deux de ses "désormais rares" proches, les députés socialistes Dominique Lefebvre et Jean Glavany, avoir subi un traitement politique et médiatique "inhumain". Son suppléant, Jean-Claude Gouget, a confirmé mercredi matin l’état d’esprit de l’ancien ministre, sur RTL, avec des mots plus mesurés : "c'est un homme meurtri, il a l'impression d'être un peu seul à payer".
>> Mise à jour, 12h32 : Pour François Hollande, le sort de Jérôme Cahuzac est scellé. "Il y a une question de conscience, si encore elle est possible. Comment revenir au Parlement, là où un mensonge a été prononcé ?", s’est interrogé le président de la République, particulièrement cinglant lors de son intervention à l'Elysée mercredi.
"Si tous ceux qui ont menti devaient quitter l’Hémicycle…" Pour sa défense, Jérôme Cahuzac s’attache de son côté, et selon l’hebdomadaire satirique, à minimiser, sa faute publique, son désormais célèbre mensonge à l’Assemblée nationale. "On me dit que je ne peux pas redevenir député parce que j’ai menti à l’Assemblée. Je réponds tout simplement : si tous ceux qui ont menti à la représentation nationale devaient quitter l’Hémicycle, il y en aurait des tonnes", argue-t-il, visiblement peu soucieux d’alimenter le "tous pourris", auprès de ses interlocuteurs. "On me dit que j’ai menti sur ma situation personnelle. Cela veut dire quoi ? Qu’il y aurait des mensonges indignes et d’autres qui seraient dignes ? A ce compte-là, j’ai menti devant l’Assemblée sur la possibilité de réaliser les 3% de déficit en 2013", lâche-t-il aussi régulièrement selon Le Canard Enchaîné. François Hollande appréciera sans doute.
Pour mémoire, ce qu'avait dit Jérôme Cahuzac à l'Assemblée :
Il veut revenir à l’Assemblée... Malgré le tombereau de critiques et de condamnations, Jérôme Cahuzac réfléchit sérieusement à revenir sur les bancs de l’Assemblée. La loi permet de fait à l’ex-ministre de retrouver son siège de député s’il le souhaite. Il a jusqu’au 19 avril, un mois après son départ du gouvernement, pour se décider. "Il n’y a que mes électeurs ou la justice qui peuvent me priver des bancs de l’Assemblée", rappelait-il devant ses proches, selon Le Canard Enchaîné. "Or, je n’ai pas été battu et je n’ai pas été, pour l’heure, déclaré inéligible. On verra bien ce que la justice décidera contre moi."
Un état d’esprit qui désespère jusqu’au président de l’institution. "Le problème, c’est qu’il ne se rend pas compte, il nous reproche presque de ne pas être solidaires avec lui", soupire Claude Bartolone. Mercredi à la mi-journée, François Hollande a donc clairement laissé entendre qu'un tel retour était inenvisageable.
Une nuit dans sa voiture. Un esprit de revanche semble malgré tout animer Jérôme Cahuzac. Un sentiment peut-être né dès les heures qui ont suivi ses aveux. Sur les conseils notamment de son avocat, l’ex-ministre avait quitté Paris pour le sud-ouest du pays. Mais selon L’Express de mercredi, il s’est vu claquer la porte au nez par l’un de ses amis et refuser d’acheter des médicaments par un pharmacien. Une triste journée que Jérôme Cahuzac, selon l’hebdomadaire, a conclu dans sa voiture, où il a passé la nuit.