La crise ayant engendré "un autre contexte" économique, la suppression du bouclier fiscal n’est plus un tabou, a assuré Alain Minc, lundi sur Europe 1, reprenant ainsi les propos avancés par François Fillon dimanche soir.
"Il faut poser le problème de la suppression du bouclier fiscal"
"Il faut poser le problème de la suppression du bouclier fiscal… En fait, il y a quatre paramètres à étudier : la suppression du bouclier fiscal, la suppression de l’ISF (l'impôt sur la fortune), l’augmentation d’une branche marginale de l’impôt sur le revenu et l’alignement du prélèvement sur les revenus du capital sur celui des revenus du travail", a estimé le proche conseiller de Nicolas Sarkozy qui jugeait pourtant, il y a cinq mois, qu'il fallait "garder l'idée du bouclier".
"Je pense que cela vaut le coup d’ouvrir ce débat, qui sera aussi très dur et très profond à gauche, parce qu’entre les propositions de François Hollande et celle de Benoît Hamon, l’écart sera abyssal", a insisté lundi Alain Minc.
Le bouclier fiscal, mesure emblématique du quinquennat de Nicolas Sarkozy qui plafonne l'impôt à 50% des revenus déclarés, est critiqué de toutes parts - y compris dans les rangs de la majorité - notamment depuis la crise financière qui a creusé les déficits publics.
"Une fiscalité, dite juste, n’existe pas"
"Toutes les fiscalités sont injustes. Il faut être réaliste", a analysé Alain Minc, avant de poursuivre : "L’impôt sur la TVA est un impôt injuste, mais c’est un impôt follement efficace. La fiscalité c’est toujours la dose d’injustice tolérée par rapport à l’efficacité. Une fiscalité, dite juste, n’existe pas en tant que telle".
Dimanche soir sur M6, François Fillon avait tenu un discours similaire, estimant que la suppression du bouclier fiscal et de l’ISF avant la présidentielle de 2012 n'était pas "un sujet tabou".
"2011 peut être le bon moment pour engager une grande réflexion sur la fiscalité", a-t-il jugé sur le plateau de Capital, tout en se disant "réservé sur un grand soir fiscal".
Fillon sur M6 : "testament ou discours de politique générale ?"
En écoutant ces déclarations du Premier ministre, Alain Minc est, en tout cas, resté quelque peu dubitatif : "je ne savais pas s'il (François Fillon) présentait son testament ou s'il présentait son discours de politique générale"
En tout état de cause, "il a fait ça avec talent parce que transformer un testament en espoir ou un espoir en testament montre qu'il a un grand talent rhétorique", a-t-il ajouté.
Le conseiller du chef de l'Etat a pour sa part jugé qu'"il faut deux Premiers ministres dans un quinquennat" car "c'est la respiration des institutions".