"Si je suis élue, après un moratoire sur Power 8, l'Etat interviendra pour recapitaliser et redéfinir le pilotage industriel en veillant à maintenir le tissu des PME sous-traitantes qui seront les grandes victimes de Power 8", a déclaré Ségolène Royal. L'intersyndicale d'Airbus a appelé les salariés à la grève mardi prochain et à manifester sur les différents sites du groupe en France, notamment à Toulouse. De leur côté, le Parti socialiste et d'autres formations de gauche tentent d'installer la bataille de l'emploi dans la campagne présidentielle. José Bové appelle l'ensemble des candidats et candidates de gauche à se réunir pour préparer une journée nationale d'action contre les "ravages du néo-libéralisme" et les suppressions d'emplois annoncées par EADS et Alcatel. "Une fois de plus, les salariés sont utilisés comme variable d'ajustement dans une course aux profits éperdue", écrit le candidat altermondialiste dans un communiqué. Soulignant qu'EADS est "largement bénéficiaire", il estime que "ses actionnaires (au premier rang desquels Daimler-Chrysler, l'Etat français et Lagardère) n'assument aucune de leurs responsabilités économiques et sociales." Ségolène Royal a, la première, préconisé une solution alternative, notamment en proposant que les régions françaises concernées par les licenciements d'Airbus puissent "entrer au capital d'Airbus comme le font les Länder allemands". La candidate socialiste a rencontré vendredi soir à Pau l'intersyndicale d'EADS. Ses concurrents UMP et UDF, Nicolas Sarkozy et François Bayrou, doivent en faire autant lundi, le premier en début d'après-midi et le second à midi, a-t-on appris de source syndicale. Selon Le Monde daté du 4 mars, la candidate socialiste a développé "à cinq reprises" avec les syndicalistes l'idée "d'organiser la riposte" pour s'opposer aux suppressions d'emplois. "L'Etat peut et doit intervenir dans la crise d'Airbus", insiste Ségolène Royal dans la Dépêche du Midi. "C'est la suite de mauvaises décisions et d'un management défaillant de la part des dirigeants et du gouvernement qui n'a pas tenu son rang d'Etat actionnaire." La veille, à Mont-de-Marsan, Ségolène Royal avait déjà affirmé que le gouvernement était responsable du "désastre" chez Airbus et avait une nouvelle fois attaqué ses adversaires de l'UMP et de l'UDF. "L'annonce catastrophique est là : suppression de 10.000 emplois en Europe, 4.000 en France. L'actuel gouvernement est responsable de ce désastre", avait lancé la candidate socialiste devant 6.000 militants réunis à l'Espace François-Mitterrand. "Si les Français nous font confiance, nous remettrons totalement à plat le dossier Airbus", a affirmé la candidate socialiste, promettant qu'en cas de victoire "l'Etat actionnaire assumera tout son rôle et exigera des anticipations". Le plan "Power 8" prévoit de supprimer 4.300 emplois en France, 3.700 en Allemagne, 1.600 au Royaume-Uni et 400 en Espagne, dont la moitié chez les sous-traitants et parmi le personnel intérimaire.