En déplacement à Bully-les-Mines, dans le Pas-de-Calais, Ségolène Royal s'est clairement posée jeudi comme candidate du peuple. La socialiste a adopté, tout au long de son discours, une posture de proximité tout en multipliant les symboles. Du dépôt de gerbe à la mémoire des mineurs tombés lors de la Première Guerre mondiale, au dialogue avec d'anciens mineurs s'exprimant en ch'ti, dans un décor de corons, elle n’a rien négligé.
"Je vous propose qu’en 2012 nous redonnions au peuple français le pv qui est le sien", a-t-elle clamé. Son programme, lutter contre la "marginalisation et le déclassement de la classe ouvrière", ou encore dénoncer "la cupidité de la classe dominante". Ségolène Royal n’y est pas allée de main morte. Avec 2012 en ligne de mire, la candidate aux primaires socialistes a voulu reconquérir, en plein cœur du bassin minier, le vote ouvrier, tenté par le Front national. Hénin-Beaumont, fief depuis quelques années de Marine Le Pen, n’est en effet qu’à quelques encablures.
Le peuple contre les marchés
Mais surtout, Ségolène Royal a véritablement lancé sa candidature aux primaires du PS. En allant piétiner les plates-bandes de Martine Aubry, mais aussi en prenant le contrepied de Dominique-Strauss-Kahn. La présidente de Poitou-Charentes a joué le peuple contre les "marchés financiers", attaque à peine voilée contre le président du Fonds monétaire international (FMI). "La France mérite mieux que d’être soumise aux marchés financiers et aux complicités entre le pouvoir qui nous dirige et le pouvoir de l’argent", s'est-elle exclamé. Avant d'envoyer une pique on ne peut plus claire à DSK : "moi au moins candidate à la présidentielle c'est mon premier choix".
"Ségolène présidente"
Bien sûr, Ségolène Royal s'est défendu d'être en campagne, elle a répété dans la journée son credo : "Je veux être au milieu des Français, ceux qui se sentent abandonnés, marginalisés, qui souffrent du déclassement et du chômage, ceux qui ont envie que les choses changent", avait-t-elle déclaré à la presse, après avoir rencontré les retraités du foyer Jules Guesde.
Son intervention a néanmoins été saluée par des "Ségolène présidente" et des cornes de brume. Elle a conclu son intervention en citant François Mitterrand : "la victoire, vous la rencontrerez si vous la forcez".