"Je n'ai pas tiré un trait sur ma vie politique". Malgré sa défaite cinglante à la primaire socialiste, Ségolène Royal assure dans une interview au Parisien qu'elle ne compte pas disparaître du paysage politique.
Pour la présidente de la région Poitou-Charentes, la question de poursuivre ou non sa carrière ne se pose pas. Elle est persuadée d'avoir encore une carte à jouer en politique. Si elle semble bel et bien avoir mis de côté toute ambition élyséenne, elle entend jouer "un rôle utile" dans la campagne présidentielle auprès de son ancien compagnon, François Hollande. Elle réfléchit également à une éventuelle candidature aux prochaines législatives.
"Il y a des traversées du désert et des moments où l'on est à nouveau utile", déclare-t-elle confiante. Retour sur un parcours politique en dents de scie, fait de coups durs et de traversées du désert.
1995, année difficile pour Ségolène Royal. En 1995, alors qu'Henri Emmanuelli dispute à Lionel Jospin l'investiture du PS pour la présidentielle, Royal étonne. Elle démissionne de son poste prestigieux de présidente du conseil national et publie une tribune assassine dans laquelle elle appelle les militants à ne pas participer à la désignation du candidat pour l'élection présidentielle. Quelques jours plus tard, gros désaveu pour Royal, les militants se rendent aux urnes et désignent Lionel Jospin candidat.
2007, l'échec de la présidentielle. Lâchée par les "éléphants" du PS, Ségolène Royal semble mener sa campagne en solitaire. Certains socialistes critiquent avec virulence les propositions de la candidate sur la sécurité et notamment celle sur les lieux d'encadrement militaire des délinquants.
Ces divisions se sont soldées pas la victoire de Nicolas Sarkozy, le 6 mai 2007. Lors du second tour, Ségolène Royal remporte 46,94 % des voix. Nicolas Sarkozy l'emporte avec 53,06% des suffrages. Lors de son discours à l'issue des résultats, l'ex-candidate se montre confiante en l'avenir. "Ce que nous avons commencé ensemble, nous allons le continuer ensemble, promet-elle. Vous pouvez compter sur moi pour approfondir la rénovation de la gauche et la recherche de nouvelles convergences au-delà de ses frontières actuelles. C'est la condition de nos victoires futures", a-t-déclarée.
Avec du recul, Ségolène Royal estime que l'échec de 2007 a permis au parti de s'unir en vu de la présidentielle de 2012. "L'expérience des divisions s'avère utile finalement : car si le rassemblement se fait, c'est aussi à cause de ce mauvais souvenir", analyse-t-elle au Parisien.
2008, l'échec du congrès de Reims. Martine Aubry et Ségolène Royal se font face dans la course à la tête du secrétariat du PS. Le conseil national du PS valide le 25 novembre 2008 l'élection de Martine Aubry, avec 102 voix d'avance sur Ségolène Royal. Mais cette dernière ne l'entend pas de cette oreille, elle évoque des soupçons de fraude et réclame l'organisation d'un nouveau scrutin. En vain. Les voix ont été recomptées venant confirmer la mince victoire de Martine Aubry.
Interrogée par Le Parisien, Ségolène Royal estime que cette défaite au congrès de Reims explique en partie sa défaite à la primaire socialiste. "Je n’ai pas gagné le congrès de Reims en 2008, donc je n’avais pas la légitimité institutionnelle", commente-t-elle.
2011, la claque de la primaire. L'échec est cinglant, presque sans appel. Avec 7% des voix au premier tour, Ségolène Royal arrive loin derrière François Hollande, Martine Aubry et Arnaud Montebourg. Le soir des résultats, elle ne cache pas sa déception et sa tristesse. Interrogée par les journalistes, elle apparaît en larme devant les caméras.
"J’ai été assommée, je ne pensais quand même pas que ce serait si bas. C’est psychologiquement très dur, parce que je n’ai pas arrêté depuis cinq ans", a-t-elle confié au Parisien. Au regard de cette cinglante défaite, de nombreux experts politiques annoncent la fin de sa carrière politique et du moins, de son destin élyséen.