"Je décide, il exécute". En 2004, la phrase de Jacques Chirac à son adresse avait meurtri un Nicolas Sarkozy, alors aspirant candidat à l’Elysée. A cinq mois de la présidentielle, ce dernier semble pourtant tenter de reproduire le modèle. Après un round de consultations ce week-end à l’Elysée, le chef de l’Etat a laissé son Premier ministre annoncer, lundi à Matignon et à la télévision, les mesures d’austérité qu’il avait préparées.
Fillon, désormais préposé aux mauvaises nouvelles
C’est, en effet, au Premier ministre - qui répète depuis 2007 être à la tête d’un état "en faillite" - qu’est revenue la primeur d’annoncer un plan d’austérité pluri-annuel de "65 milliards d'euros" d’économies.
En bon "père la rigueur", il a égrainé ses mesures dont le relèvement du taux réduit de la TVA et l’accélération de la réforme des retraites, deux mesures extrêmement impopulaires qui risquent d’aggraver son impopularité.
Sarkozy, "en candidat responsable"
Face au porteur de mauvaises nouvelles, Nicolas Sarkozy reste, lui, l’homme qui sait gérer la crise à Berlin ou G20 de Cannes. Bref, celui qui pense les solutions avec Angela Merkel ou Barack Obama.
"Sa stratégie, c'est de dramatiser la crise pour que l'électeur se dise que, finalement, il vaut mieux ne pas changer de président au milieu du gué", reconnaît un cadre de la majorité, "mais je crois qu'il se fourvoie car, au final, les électeurs voteront d'abord sur l'emploi et le pouvoir d'achat. Et là, il a un sérieux problème".
Il n’empêche la crise et la rigueur sont devenues, pour le président sortant, des arguments de campagne. Nicolas Sarkozy prend ainsi le pari de se présenter en 2012 en candidat "responsable" face à la crise, contre une gauche qui crie au "bricolage" et à la "mystification".
Le chef de l'Etat ne le cache plus. A l'heure où la crise financière grecque n'en finit pas de menacer l'ensemble de la zone euro, il a fait du maintien de la note triple A du pays, menacée, la priorité absolue de sa fin de mandat. Pour lui, c’est l'une des conditions essentielles de sa réélection.
Sarkozy en hausse dans les sondages
Pour l’heure, ce calcul politique semble relativement fonctionner. La cote de confiance du président a bondi de cinq points à 37% en novembre sur un mois, selon un sondage LH2 pour nouvelObs.com rendu public lundi.
L’image du président de la République, qui avait atteint en octobre un des scores les plus faibles de son mandat, retrouve "un niveau qu’il n’avait pas atteint depuis février", écrit LH2 en évoquant "une nette embellie".
Son intervention télévisée du 27 octobre "puis sa gestion en partenariat avec Angela Merkel de la crise de la dette grecque, et notamment son implication et sa fermeté dans l’accord européen visant à préserver la stabilité de la zone euro, ont visiblement convaincu une partie des Français et porté leurs fruits en termes d’image", juge l'institut. En revanche, annoncer les mauvaises nouvelles rapporte moins : la cote de popularité de François Fillon reste inchangée à 46%.
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