Si différents, et pourtant si proches. En laissant implicitement entendre qu’un retour politique est dans un coin de sa tête, Nicolas Sarkozy marche dans les pas de Valéry Giscard d’Estaing, qui n’a eu de cesse de vouloir revenir sur le devant de la scène après sa défaite en 1981. Ce n’est pas le seul point commun entre les deux hommes. Europe1.fr vous rafraîchit la mémoire.
Des présidents précoces. Leur trajectoire politique a été météorique. A 30 ans, VGE devient député du Puy-de-Dôme. A 33 ans, il entre pour la première fois dans un gouvernement - celui de Michel Debré - en tant que secrétaire d'État aux Finances. Le 19 mai 1974, le centriste devient, à 48 ans, le plus jeune président de la Ve République.
L’ambition chevillée au corps - quitte à "tuer" Charles Pasqua, son père en politique -, Nicolas Sarkozy devient édile de Neuilly, une des communes les plus riches du pays, à 28 ans seulement. La même année, il devient également député des Hauts-de-Seine. En 1993, il occupe le poste de ministre du Budget du gouvernement Balladur, dont il est également le porte-parole. Après une traversée du désert consécutive à son soutien à Edouard Balladur en 1995, Nicolas Sarkozy conquiert l’Elysée à 52 ans. Deux hommes, deux talents, deux carrières à succès.
Des présidents anti conformistes. Ils ont bouleversé la figure présidentielle. Au conformisme des conférences de presse gaulliennes, VGE préfère des causeries au coin du feu, voire un dîner chez le Français lambda. Désormais, le président pratique le foot, joue de l’accordéon, dévale les pistes de ski. "Si on vit renfermé sur soi-même, on ne sent pas les problèmes des Français", expliquait-il alors. Un président résolument moderne.
Dire que Nicolas Sarkozy a lui aussi opéré une rupture avec les conventions de la Ve République est un euphémisme. L’hypermédiatique ministre de l’Intérieur est devenu l’hyperprésident, qui renvoie son Premier ministre au simple rôle de "collaborateur". Un président qui part en vacances sur le yacht d’un homme d’affaires, qui divorce (une première pour un président en fonction) puis étale son nouvel amour avec une mannequin-chanteuse, à Eurodisney. "Avec Carla, c’est du sérieux", dira-t-il quelques jours plus tard lors d’une conférence de presse. Nicolas Sarkozy, c’est aussi des dérapages (le Kärcher, le "casse toi pov’con"…), une présence médiatique jamais vue dans l’histoire de la Ve république, l’homme qui a rendu poreuse la frontière entre le Front national et la droite républicaine. Un président qui a changé le régime sans changer la constitution.
Des présidents empêtrés dans les affaires. A dix-neuf mois de l'élection présidentielle de 1981, le Canard enchaîné révèle que Valéry Giscard d’Estaing s‘est fait offrir des diamants par le président de la République centrafricaine, Jean Bédel Bokassa. "C'est grotesque", réagit le président. Mais son attitude, perçue comme de l'arrogance et un aveu de culpabilité, ne l’a pas aidé pour sa campagne électorale…
C’est en plein milieu de son quinquennat que Nicolas Sarkozy se retrouve lui aussi aux prises avec la justice. Le journal en ligne Mediapart assure que Liliane Bettencourt, l'une des trois premières fortunes de France, a - en partie - financé illégalement sa campagne de 2007. En novembre 2012, redevenu simple citoyen, l’ancien président est alors convoqué par la justice et placé sous le statut de témoin assisté.
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Des présidents… qui veulent le redevenir. Tous les deux ont échoué à se faire réélire face à un candidat de gauche, Mitterrand en 1981 pour VGE, Hollande en 2012 pour Sarkozy. Tous les deux ont perdu d’extrême justesse. Donc tous les deux ont envie de prendre leur revanche. VGE n’a jamais vraiment réussi, bien que lui soit tout de suite remonté sur le cheval. Elu conseiller général en 1982, député du Puy-du-Dôme dès 1984, réélu en 1986, et nommé président de l’UDF en 1988, il n’aura jamais plus les soutiens nécessaires pour se présenter à la présidentielle. Quant à "sa" constitution européenne, elle a été rejetée en 2005 par les Français…
Nicolas Sarkozy n’en est pas à ce stade. Lui dit ne pas rêver d’une revanche. Pourtant il trépigne, et sa sortie dans Valeurs actuelles s’inscrit dans une logique de présence médiatique. Meubler l’absence pour entretenir la flamme. Retenir les leçons du passé, aussi. VGE s’était précipité, lui tempère ses ardeurs. Gare toutefois aux répétitions de l’histoire. En 1988, alors qu’il espère toujours porter les couleurs de son camp, l'impopularité de VGE auprès des Français - qui n’est pas sans rappeler celle de vous-avez-deviné-qui… - pousse l’UDF à adouber Raymond Barre. Un ancien Premier ministre populaire qui vole la vedette à un ancien président, ça ne vous rappelle rien ? Toute ressemblance avec l’hypothétique duel Sarkozy/Fillon serait purement fortuite…