Dans la nuit de 27 au 28 janvier 2010, la méga-tempête Xynthia avait ravagé le littoral atlantique et fait 53 morts. Deux ans après, Nicolas Sarkozy s'est rendu mardi après-midi en Charente-Maritime pour une visite du village des Boucholeurs, sinistré par le passage de Xynthia. Au menu des discussions : la gestion de l'après-Xynthia et l'avancement des mesures de protection.
"C'est votre vie qui est en cause"
Le candidat de l'UMP à la présidentielle a brièvement recoiffé sa casquette de chef d'Etat pour répondre aux critiques des élus et de la population, opposées aux "zones noires" où l'Etat doit racheter les maisons jugées dangereuses avant de les détruire. Nicolas Sarkozy s'est déclaré disposé à introduire de la "souplesse" dans la règle d'interdiction de construction et de relogement dans les zones inondables de la façade Atlantique.
"Il faut être raisonnable. Là où l'eau est passée, elle peut revenir. C'est votre vie qui est en cause", a-t-il plaidé en s'adressant brièvement à une petite foule d'habitants et de partisans. "Si dans dix ans, dans dix mois, une tempête comme ça revient et qu'on n'a rien fait (...) qu'est-ce que vous diriez s'il y avait d'autres morts dans les mêmes conditions ?". "Cela ne veut pas dire qu'on ne doit pas faire preuve de souplesse pour un certain nombre de situations", a toutefois reconnu le président candidat, s'agissant de "maisons qui ne seront plus habitées mais dont on peut par exemple faire des commerces".
"Les zones noires" en question
Au lendemain de la tempête, Nicolas Sarkozy avait en effet promis, contre l'avis d'une partie des élus et des habitants, d'interdire la construction des habitations en zone inondable. Il avait également proposé la mise en place de "zones noires". Des zones dans lesquelles l'Etat proposait de racheter les maisons pour les détruire.
Sous la pression des habitants et des élus, ce zonage a toutefois été revu et a disparu dans le village des Boucholeurs. "Aujourd'hui, quand des maisons sont rachetées par l'Etat au titre du Fonds Barnier, ces maisons sont vouées à la démolition. C'est complètement stupide parce que d'abord vous ne les achèterez pas toutes et celles que vous n'aurez pas achetées on aura bien du mal à en faire quelque chose", avait déploré sur Europe 1 Michel Le Bozec, le président de l'association de sauvegarde des Boucholeurs, avant la visite de Nicolas Sarkozy.
Éviter la démolition des maisons
Michel Le Bozec souhaitait donc interpeller Nicolas Sarkozy pour que les maisons vouées à la démolition soient sauvées. "J'ai bien l'intention de montrer au président de la République que ces maisons, pour certaines, vont créer de véritables problèmes si elles sont démolies. Elles ne sont plus dangereuses puisqu'elles ne sont plus dans les zones noires", justifie-t-il.
"L'Etat a reconnu par les dossiers que nous avons présentés que ces maisons sont protégeables. Aujourd'hui, j'attends du président de la République qu'il fasse prendre des décisions et qu'on nous autorise, après expertise, à garder certaines maisons", conclut-il.