Après la taxe sur les transactions financières, Nicolas Sarkozy s’apprêterait-il à s’emparer d’un autre thème cher à la gauche ? D’après Libération, le chef de l’Etat devrait rapidement inclure le mariage gay dans son programme pour la présidentielle de 2012. "Sa décision est prise", affirment des députés cités par le quotidien, précisant que l’Elysée n’a pas confirmé l’information.
En 2006, Nicolas Sarkozy avait déjà défendu un "contrat d’union civique" mais avait dû y renoncer devant la levée de boucliers dans son propre camp. Mais aujourd’hui, la mesure rencontrerait un certain écho dans la population, selon Libération. Les Français seraient, au fil des années, devenus très favorables à cette mesure qui serait même soutenue par "environ 40% des électeurs de droite", selon Gaël Sliman, de l’institut BVA.
Pécresse rectifie le tir
Toutefois, la porte-parole du gouvernement Valérie Pécresse a rectifié le tir vendredi. Nicolas Sarkozy n'a "pas changé d'avis sur le mariage homosexuel" auquel il reste "défavorable", a déclaré la ministre du Budget. "Nul ne peut se prétendre son porte-parole" sur ce point, a-t-elle ajouté.
La présidence de la République a toutefois laissé entendre que Nicolas Sarkozy restait favorable à une "union civile" pour les homosexuels. Nicolas Sarkozy "l'avait dit en 2007 : le mariage, c'est l'institution familiale qui permet d'avoir des enfants", a expliqué Valérie Pécresse. "Il est favorable à l'égalité des droits fiscaux, successoraux, patrimoniaux, mais pas au mariage car, avec le mariage vient nécessairement la question de la filiation et de l'adoption", a-t-elle poursuivi, relevant qu'il avait, en 2007, "beaucoup réfléchi à cette question".
A l'Elysée, on ajoute qu'"il est important de se référer à ses propos publics", renvoyant notamment sur une interview de Nicolas Sarkozy publiée par un magazine destiné aux homosexuels, Têtu, le 24 avril 2007, entre les deux tours de la présidentielle. Celui qui n'était encore que le candidat de l'UMP y estimait que l'impossibilité pour les homosexuels de s'unir civilement constituait une discrimination et une "injustice majeure".
"Humaniser" l’image de Sarkozy
Fin novembre, six cadres de l’UMP avaient signé une tribune dans l’Express pour demander l’ouverture du mariage aux personnes du même sexe, une initiative regardée avec méfiance par la direction du parti. Le quotidien souligne que le mariage gay permettrait à Nicolas Sarkozy d’ "humaniser un peu son image" avec une mesure très peu coûteuse.
"C'est à la fois un coup médiatique et un ballon d'essai", a réagi sur Europe 1 Jean-Luc Romero, conseiller régional d'Île-de-France, ex-secrétaire national UMP aujourd'hui apparenté PS. "Je crois que tout cela ne va pas aller très loin", affirme-t-il, rappelant qu'en 2007, Nicolas Sarkozy avait fait des promesses "en direction des homosexuels", qu'il n'a pas tenues. "Les élections approchent, il essaie de [...] se donner une autre image pour séduire les homosexuels, comme il l'avait réussi en partie lors de la dernière élection", juge-t-il avant d'ajouter : "aujourd'hui, il faut être honnête : un gay qui vote conservateur, c'est comme une dinde qui vote pour Noël".
La question risque en tout cas de fâcher la droite de l’UMP. Elle pourrait aussi "braquer complètement une partie de notre électorat", analyse un conseiller de l’Elysée dans Libération. Sur la question de l’adoption par des couples du même sexe, l’UMP semble en revanche nettement plus frileuse.