Même s'il avait pris soin de distiller plusieurs propositions depuis le début de son entrée en campagne, l'annonce de son programme présidentiel était très attendue. De retour de La Réunion, Nicolas Sarkozy a donc levé le voile sur son projet jeudi (lire les 32 propositions). Au final, les nouvelles mesures du président-candidat se comptent sur les doigts de la main.
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De multiples piques contre Hollande
Nicolas Sarkozy s'est surtout attaché à égratigner celui qui le devance toujours de plusieurs points au second tour dans les sondages (consulter le rolling Ifop-Paris Match). Que pense-t-il du principe de la feuille de route telle que présentée mercredi par François Hollande pour la première année de son quinquennat ? "Je n'ai jamais cru aux 100 jours, c'est une forme de mépris pour l'électeur", lance le président-candidat, soulignant qu'il s'engageait lui-même pour "cinq ans, pas pour la première année".
Depuis quelques temps, le camp de l'UMP se frotte les mains en voyant le candidat du Front de gauche grimper dans les sondages. Le président-candidat n'est pas en reste. Jeudi, il a ainsi ironisé sur le fait que François Hollande risquait d'être "pris en otage" par Jean-Luc Mélenchon. "Un François Hollande pris en otage par un Monsieur Mélenchon qui fait une pression chaque jour plus forte, si j'en juge vos commentaires et les instituts, c'est deux jours pour mettre par terre cinq années d'efforts", a-t-il commenté.
Enfin, le candidat de l'UMP a jugé jeudi "grotesque" et "choquante" la répartition future des postes de l'exécutif, à laquelle se prêteraient les socialistes dans l'hypothèse d'une victoire de François Hollande. "Ecoutez, la scène où Madame (Ségolène) Royal est déjà présidente de l'Assemblée nationale - elle nous l'a dit -, Monsieur (Laurent) Fabius est déjà ministre des Affaires étrangères, Monsieur Hollande est déjà président, Monsieur (Michel) Sapin est déjà déçu, Monsieur (Pierre) Moscovici est toujours dans le rêve, c'est grotesque", a-t-il lâché.
Les retraités chouchoutés
Voilà pour la forme. Sur le terrain des annonces, une grande mesure sociale était attendue. Finalement, Nicolas Sarkozy a choisi de la consacrer aux retraités, un électorat qui lui est particulièrement favorable. Le candidat de l'UMP promet que les retraites seront versées au 1er jour du mois et non plus le 8 comme aujourd'hui. Une mesure qui changera, selon lui, "la vie quotidienne de 15,5 millions de Français retraités" et permettra à certains de ne plus avoir des "comptes en banque déficitaires", a-t-il estimé.
Le président sortant a aussi son idée sur la manière de lutter contre les délocalisations. Nicolas Sarkozy propose de supprimer la possibilité de déduire des impôts les frais qu'une entreprise engage pour se délocaliser en dehors d'Europe.
En revanche, contrairement aux informations qui circulaient, aucune annonce sur le permis de conduire. "Le permis de conduire, c'est un vrai sujet. Je n'avais pas prévu d'aller parler de cela", a-t-il répondu, interrogé sur une éventuelle annonce pour en réduire le coût pour les jeunes. "Le permis c'est cher, trop cher", a-t-il concédé, indiquant qu''il fera "des propositions sur le sujet" plus tard. Sur l'emploi, Nicolas Sarkozy n'a pas non plus donné jeudi d'objectif chiffré de baisse du chômage, contrairement à 2007 où il avait assuré qu'il ramènerait le chômage à 5% à la fin de son quinquennat. Le président-candidat a a simplement répété que la France était le pays "où le chômage a le moins augmenté d'Europe", à l'exception de l'Allemagne.
"J'ai l'expérience dans la gestion des crises"
C'est finalement sur son expérience de la crise et son objectif de réduction de la dette - par opposition au "festival de dépenses nouvelles" du candidat socialiste -, que Nicolas Sarkozy a insisté jeudi. "Il se trouve hélas que j'ai une grande expérience dans la gestion des crises (…) J'ai tiré les leçons", a-t-il lancé. Le président sortant a mis l'accent sur l'exigence budgétaire, indiquant qu'avec son programme, l'effort porterait "pour les trois quarts" sur les dépenses, par opposition au "matraquage fiscal" que prépare, selon lui, François Hollande s'il est élu.
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Nicolas Sarkozy a aussi estimé que la proposition du candidat PS à l'Elysée de revenir sur la réforme des retraites était la "négation de l'existence d'une crise".
"L'ensemble de mon projet, il y a un rendez-vous: moins de 3% en 2013, l'équilibre en 2016" (il vise même un excédent budgétaire de 0,5% du PIB en 2017), a-t-il par ailleurs fait valoir, signalant que, "grâce au courage des Français, nous sommes en avance sur la trajectoire de réduction de nos déficits". En "2016, la France doit avoir un budget équilibré", a-t-il martelé. Nicolas Sarkozy a annoncé que Paris demanderait, s'il est président, le gel de sa contribution au budget de l'UE, une économie annuelle selon lui de 600 millions d'euros. Répétant que les collectivités locales (majoritairement aux mains de la gauche) devraient réduire leur train de vie, il a indiqué que "les trois quarts" des efforts de l'Etat porteraient sur la réduction des dépenses.