L'ancien président, qui se demande s'il est toujours écouté, n'a jamais été aussi prudent avec son téléphone.
"Ils sont tous devenus un peu paranoïaques". Pendant que le gouvernement peine à s'expliquer dans l'affaire des écoutes visant Nicolas Sarkozy, l'ancien président observe, écoute mais se tait médiatiquement. L'ancien chef de l'Etat, qui se demande s'il est encore écouté, a changé ses habitudes téléphoniques. Fini le "off" et silence sur la ligne sont désormais les mots d'ordre. Avec son avocat, il préfère désormais le tête-à-tête. Ses collaborateurs avouent qu’ils se sont habitués à cette idée mais en réalité, "ils sont tous devenus un peu paranoïaques", assure Caroline Roux, l'éditorialiste politique d'Europe 1. Tout ce qui relève de la stratégie politique est désormais envoyé sous forme de notes par mails.
"Sarkozy ne parle plus de manière cash". La consigne tient en un mot : PRUDENCE. Et l'ancien président est le premier à s'appliquer là règle qu'il a lui-même fixée. Terminées les petites phrases en provenance de la rue de Miromesnil, distillées habituellement dans les médias via ses amis et visiteurs. "Il a été échaudé avec l’affaire Buisson, les écoutes téléphoniques, il ne parle plus de manière cash comme il peut le faire d’habitude", conclut l'un de ses proches.
"On ne va pas rester là, les bras ballants". Selon les informations de Caroline Roux, Nicolas Sarkozy a passé la matinée de mercredi à préparer la contre-attaque judiciaire avec son avocat, dans ses bureaux, rue de Miromesnil. "On ne va pas rester là, les bras ballants, il faut mettre au clair ce qui s’est passé", confie l'un de ses proches. L'ancien président et son conseil souhaitent obtenir des réponses à plusieurs questions : se peut-il qu'il soit encore "branché" comme on dit ? Comment la justice peut-elle justifier la durée de ces écoutes ? Pas question pour autant de se précipiter. "Le moment n’est pas encore venu", estime l'un de ses amis.
Une cible, le gouvernement, pas la justice. Consigne a aussi été passée dans l'entourage de Nicolas Sarkozy de ne pas cibler l'institution judiciaire. La riposte doit d’abord être politique et les attaques uniquement concentrées sur le gouvernement. Un conseiller de Nicolas Sarkozy a d'ailleurs fait l’inventaire des phrases les plus choquantes entendues depuis la révélation de cette affaire au sein de l'équipe Ayrault. La palme revenant, selon lui, à Benoît Hamon qui a déclaré "quand on a rien à se reprocher, ce n’est pas grave d’être sur écoute".
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