Opération reconquête pour Nicolas Sarkozy. Dans deux jours, le chef de l’Etat se rendra au Vatican pour rencontrer le pape Benoît XVI et tenter d’aplanir un différend avec l’Eglise catholique qui avait récemment critiqué le sort réservé aux Roms par la France. Il s’agira de la seconde visite au Vatican de Nicolas Sarkozy, reçu par Benoît XVI, en décembre 2007.
La semaine dernière, visitant la basilique de Vézelay, dans l’Yonne, le chef de l’Etat avait déjà tendu une main aux catholiques, en reprenant son leitmotiv sur "l'héritage chrétien de la France".
Retrouver de la crédibilité auprès des catholiques
L’élection présidentielle de 2012 approche et "Nicolas Sarkozy tente de reconquérir l’électorat des catholiques, perdu depuis deux ans. Sa démarche est purement politique", analyse le sociologue des religions Frédéric Lenoir, interrogé par Europe1.fr.
"Mais ces allers-retours au Vatican, tout comme la multiplication des discours sur "son attachement aux racines chrétiennes de la France" restent relativement vains, car les catholiques aiment plutôt la discrétion sur ce sujet", explique-t-il, estimant que "Nicolas Sarkozy en fait trop", sur son attachement à la religion catholique.
"Paradoxalement, les autres chefs d’Etat comme Jacques Chirac et Valery Giscard d’Estaing, qui étaient plus discrets sur les questions de religion avaient une meilleure cote", poursuit-il.
Le divorce date de 2007
Il faut dire que le divorce entre l’électorat catholique et Nicolas Sarkozy ne date pas de la dernière polémique sur les Roms. Il est plus ancien. "Il date même du soir de son élection, en 2007", explique encore le spécialiste des religions avant d’ajouter : "A l’époque, la soirée au Fouquet’s pour fêter la victoire, puis sa retraite, non dans un monastère comme annoncé, mais sur un Yacht, avaient déstabilisé les catholiques".
Sa visite quelques mois plus tard, au Vatican avec "un people, Jean-Marie Bigard, n'avait rien arrangé". Sur toutes ses questions, "il y a un problème de valeurs pour les catholiques", juge l'historien.
En somme, le chef de l’Etat a voulu s’inspirer du modèle américain, où les questions de religion sont régulièrement abordées par les présidents. "Mais cela ne fonctionne pas en France. Ses déclarations ont au contraire creusé un fossé avec les catholiques qui sont plutôt mal à l’aise avec sa méthode", conclut Frédéric Lenoir.