Nicolas Sarkozy entame sa nouvelle vie. Jeudi, il sera à New York pour une conférence privée organisée par une banque brésilienne dans un luxueux hôtel de Manhattan. Si le coût de sa prestation n’a pas filtré, quelques indiscrétions permettent de se faire une idée. En 2008, Le Point rapportait ainsi des propos de celui qui était alors chef de l’Etat. "Je fais ça pendant cinq ans, et ensuite, je pars faire du fric comme Clinton, 150.000 euros la conférence." Fin août, Le Canard Enchaîné assurait qu'une banque publique d'investissement, Morgan Stanley, était prête à débourser jusqu'à 250.000 euros pour 45 minutes de conférence de Nicolas Sarkozy. Lucratif donc. D’autres avant lui ont flairé le filon.
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Bill Clinton, 66 ans, président des Etats-Unis, de 1993 à 2001
Une success story à l’Américaine. Après les déboires de l’affaire Lewinsky, très coûteuse en frais d’avocat, Bill Clinton a su rebondir, mettant à profit sa popularité pour écrire des livres vendus à grande échelle – on évoque 40 millions de dollars de revenus pour le couple Clinton - et, surtout, donner des conférences un peu partout dans le monde. Il est l'un des mieux payés pour ses interventions. II aurait ainsi touché 12.86 millions d’euros pour 52 interventions payées en 2010 (soit plus de 200.000 dollars la prise de parole). On estime à 97,8millions d’euros sa fortune amassée en dix ans.
, 59 ans, président du gouvernement espagnol, de 1996 à 2004
Durant ses deux mandats, il a fait baisser le chômage de 20 à 11% et a fait entrer son pays dans la zone euro. Alors à 51 ans, José Maria Aznar a décidé de raccrocher. Et comme sa pension annuelle d’ancien chef du gouvernement espagnol - 80.000 euros - ne lui suffit pas, il délivre ses conseils à qui veut bien les entendre. Et les payer, grassement. Aznar reçoit ainsi 200.000 euros par an de la société électrique Endesa ainsi que 180.000 euros par an pour son poste d'administrateur de News Corporation, le groupe de presse de Rupert Murdoch. Il conseille encore d’autres entreprises sans qu’aucun chiffre ne filtre. Ses conférences seraient, elles, facturées plusieurs dizaines de milliers d’euros.
Mikhaïl Gorbatchev, 81 ans, dirigea l'URSS entre 1985 et 1991
Il s’est retrouvé sans emploi un soir d’août 1991, après qu’un putsch a propulsé Boris Eltsine à sa place. Après avoir un temps tenté de revenir au pouvoir, l’ancien président de l’URSS a dû se résoudre à gagner sa croute, lui qui ne touchait qu’une retraite de… 10 euros à peine. Outre qu’il ait joué son propre rôle dans le film Si loin, si proche! de Wim Wenders, l’ancien dirigeant communiste s’est aussi prêté à un autre jeu, plus lucratif : la publicité. On l’a notamment vu vanter les délices d’une Pizza Hut, ou les charmes des bagages Vuitton. Et parce qu’il faut bien arrondir les fins de mois, Mikhaïl Gorbatchev se fait payer 60.000 euros par conférence donnée.
Tony Blair, 59 ans, Premier ministre du Royaume-Uni de 1997 à 2007
"Mon prochain statut sera ancien président, et celui-là durera très longtemps. Alors je ferai comme Bill (Clinton, Ndlr) ou comme Tony (Blair, Ndlr) : je ferai des conférences et là, je me bourrerai !" Ainsi parlait Nicolas Sarkozy, dans des propos rapportés par Eric Fottorino, ancien patron du Monde, dans son livre Mon tour du Monde. L'ancien Premier ministre britannique Tony Blair gagnerait en effet jusqu'à 310.000 euros pour un discours de 90 minutes. Tony Blair Associates - c'est le nom de sa société - prodigue ses conseils, entre autres clients, aux gouvernements du Koweït et du Kazakhstan, ainsi qu’à des multinationales. Chiffre d’affaires en 2011 : plus de 14 millions d'euros.
Gerhard Schröder, 68 ans, chancelier allemand de 1998 à 2005
Le prédécesseur d’Angela Merkel se porte bien. Il toucherait environ 600.000 euros par an pour ses diverses activités : conseiller du groupe de presse suisse Ringier (150.000 euros annuels), de la banque Rothschild, administrateur pour le groupe pétrolier TNK-BP (200.000 euros annuels). C’en est pourtant une autre qui a fait parler. Encore chancelier, Gerhard Schröder s’était battu au côté de Vladimir Poutine pour que le projet de gazoduc en mer Baltique, entre l’Allemagne et la Russie, soit lancé. Peu de temps après son retrait de la vie politique, il est nommé à la tête du consortium en charge de la construction, dont le premier partenaire n’est autre que le géant gazier russe Gazprom. Selon une enquête du Point, cela lui rapporterait plus de 250.000 euros par an.