La classe politique dans son ensemble s’est attelée à visionner le débat de l’entre-deux tours qui a opposé mercredi soir le président-candidat au candidat socialiste. Sans surprise, à gauche, les personnalités estiment que François Hollande a remporté les échanges. Tandis qu’à droite, on voit Nicolas Sarkozy vainqueur. Europe1.fr vous propose un florilège des réactions politiques.
A gauche, la victoire est pour Hollande
"Un président sortant" contre "un président entrant". Pour l'ancien Premier ministre socialiste Laurent Fabius, "c'est François Hollande" qui a remporté le débat de l'entre-deux tours. "Je pense qu'il a marqué des points", a-t-il jugé jeudi matin sur Europe 1 notant que "le débat était de bonne tenue, tendu mais âpre certainement.
"Ce qu'il reste d'un débat, c’est une impression. Et celle que j’ai eu, c'est que vous aviez d’un côté un président sortant, j’allais dire finissant, et de l’autre côté un président entrant", a argumenté le socialiste avant d'estimer que "le passage qui va rester, c’est le passage : 'moi, président de la République' (déclaration de François Hollande, ndlr). C'est-à-dire un François Hollande tourné vers le futur". "Le fait de se tourner vers l’avenir et d’être rassembleur, c’est ça qui a mis Nicolas Sarkozy - qui est un débatteur coriace - dans la difficulté. C’est cette impression qui restera", a insisté Laurent Fabius.
"Un talent rare". "François Hollande a littéralement dominé Nicolas Sarkozy de bout en bout", a jugé l'ancien ministre socialiste Jack Lang. "Avec un talent rare, il a révélé une fois de plus sa maîtrise des dossiers, sa rigueur intellectuelle, son sens élevé de l'Etat, la puissance de ses convictions et la solidité de ses engagements", a-t-il estimé.
"Il a démontré sa crédibilité supérieure". Pour Ségolène Royal, qui était l'invitée d'Europe 1 jeudi matin, il n'y a aucun doute : "François Hollande a dominé le débat". "Il a été déterminé, volontaire, combatif et il a réussi à incarner le changement que nous attendons", a-t-elle assuré au lendemain du débat. "On le disait non crédible, il a démontré sa crédibilité supérieure à celle de Nicolas Sarkozy. On le disait indécis, il a montré avec précision qu’il avait réponse à l’ensemble des sujets qui se posent aujourd’hui aux Français. On le disait mou et il a été au contraire extrêmement vif, tonique et il ne s’est pas laissé acculé dans les cordes", a-t-elle ajouté.
"Comme un air de passation de pouvoir". Le directeur de campagne du candidat socialiste a estimé jeudi matin que lors du débat, le candidat socialiste s'est affirmé comme un "homme d'Etat" face à "un autre qui avait tendance à s'affaisser". Pour Pierre Moscovici, "s'il y avait un homme d'Etat entre les deux, c'était François Hollande. J'ai eu le sentiment qu'il y avait un homme d'Etat qui s'affirmait face à un autre qui avait tendance à s'affaisser", a-t-il poursuivi.
"Hollande prêt à présider la France". "Serein, précis et convainquant, le candidat de la gauche avait clairement la stature d'un homme d'Etat", a jugé Jean-Michel Baylet président du PRG. "François Hollande a montré qu'il est prêt à présider la France", a-t-il estimé avant d’estimer que Nicolas Sarkozy était "dans l'esquive permanente et l'agressivité n'a pas pu échapper à son bilan et à ses contradictions, même s'il s'est en permanence défaussé de ses responsabilités sur la crise".
"Sarkozy s’est montré indigne". Pour le Parti communiste français, "le candidat de l'UMP a été dans les cordes de bout en bout. Incapable de présenter la moindre proposition nouvelle, vantant son bilan en tous points catastrophique, ignorant les urgences des Français, mentant à tous propos". "Il s'est aussi montré indigne sur le vote des étrangers, insultant à nouveaux les Français et les étrangers de confession musulmane", a jugé le parti qui a soutenu Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche) lors du premier tour de l’élection présidentielle.
A droite, la victoire est pour Sarkozy
"On n’a pas atteint les sommets de la pensée humaine". "C'était un débat assez éclairant sur les personnalités des deux candidats, sur ce qu'ils veulent. Les exercices sont formatés. L'enjeu est tellement important. C'est un moment exceptionnel dans une vie. C'est une confrontation qui se déroule toujours dans un climat dramatique", a assuré Henri Guaino jeudi matin sur Europe 1. "Je ne suis pas sûr qu'on ait atteint les sommets de la pensée humaine", a toutefois jugé le conseiller spécial du président-candidat.
"Le style d'impuissance". Le ministre de l’Intérieur Claude Guéant a, quant à lui, retenu que François Hollande fait "de cet enjeu de l’élection présidentielle un enjeu quasi-personnel". "Ce qui compte pour les Français, ce n’est pas le style, et notamment le style d’impuissance dans lequel il s’engage parce que finalement il s’engage à ne rien faire et laisser tout le pouvoir aux autres", a assuré le ministre sur l'antenne d'Europe 1.
"Il y a eu des boules puantes". A l’image de Nicolas Sarkozy qui a jugé l’attitude de son opposant comme "agressive", la ministre chargée de l’Apprentissage et de la Formation professionnelle Nadine Morano a jugé que "François Hollande était avec cette arrogance de celui qui n'a rien assumé, un vrai sketch". "Faire plaisir et dire oui à tout le monde, ce n'est pas ça être président de la République. (...) Il y a eu des boules puantes", a-t-elle estimé mercredi soir.
La ministre de l'Apprentissage a ajouté jeudi avoir ressenti de "la frustration parce que l'emploi des jeunes n'a même pas été abordé". "Les Français ont vu pourquoi Nicolas Sarkozy avait fait la proposition de faire trois débats, a-t-elle dit.
"L’agressivité du candidat socialiste".Sur Facebook, le ministre du Travail Xavier Bertrand a jugé mercredi soir qu’"après le débat, les Français peuvent juger, face aux imprécisions, a l'arrogance et a l'agressivité du candidat socialiste, de la solidité, de la force de l'expérience et du sérieux des propositions de Nicolas Sarkozy nécessaires au redressement de notre pays".
"Hollande ne propose que des illusions". Pour le maire UMP de Marseille, Jean-Claude Gaudin, "ce débat a mis en évidence que François Hollande n'a pas de vraie solution pour la France, et ne propose que des illusions pour les Français. Son projet s'inspire de ses intérêts électoraux et de ‘la folie dépensière’ socialiste".
"Le président dans la modernité". Pour le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé, Nicolas Sarkozy est apparu lors du débat comme un "président dans la modernité" face à François Hollande "très IVe République". Il a trouvé le président-candidat "pugnace, précis, cohérent développant avec précision ses propositions concernant l'emploi et la compétitivité" face au candidat socialiste qui a montré "une obsession du passé". "Je suis conforté dans mon choix", a-t-il dit.
L’extrême droite ni pour l’un ni pour l’autre
"L'UMP a plié l'élection". Marine Le Pen a estimé jeudi matin sur BFM TV que l'élection "est jouée" au lendemain du débat de l'entre-deux tours. "Je pense que l'UMP a plié l'élection", a-t-elle jugé après l'intervention de Nicolas Sarkozy. La présidente du Front national a dit croire "qu'il est battu depuis longtemps. Il avait perdu l'élection avant même le premier tour" de la présidentielle.
"Un débat ennuyeux". Pour Florian Philippot, ancien directeur de campagne de Marine Le Pen, le débat a opposé "deux jumeaux idéologiques". "J'ai eu le sentiment que ce débat était assez ennuyeux", a-t-il dit. "Autant Sarkozy avait été assez bon en 2007, autant j'ai trouvé que là sur la forme il était assez fébrile et souvent sur la défensive et donc parfois agressif cette fois-ci, parce qu'il était gêné par son bilan (...). Face à lui, un représentant de la gauche dont on sait qu'il n'y pas grand-chose à attendre parce que on a vu la gauche à l'oeuvre", a jugé le ténor du Front national.