Plus des extraits fuitent, moins le doute est permis. C’est bien le candidat Nicolas Sarkozy qui s’exprime, au moins en partie, dans une longue interview au Figaro Magazine à paraître samedi. Et visiblement, sa campagne à venir devrait être axée sur la parole redonnée au peuple. Selon Lemonde.fr, le chef de l’Etat aurait exprimé dans l'hebdomadaire son intention d'user du référendum à l’avenir.
Chômeurs et étrangers
Nicolas Sarkozy souhaite notamment demander aux Français de trancher sur le droit des chômeurs. Le chef de l'Etat souhaiterait que les demandeurs d’emplois soient contraints d’accepter le travail ou la formation, quand cela leur est proposé, se calquant ainsi sur le modèle allemand. Si le président est reconduit, ce sera donc probablement au peuple de trancher cette question.
Le chef de l’Etat pourrait également décider de poser la question du transfert de la compétence d’expulsion des étrangers aux tribunaux administratifs. Les reconduites à la frontière en seraient administrativement facilitées, mais ce changement nécessite une modification de la Constitution. Là encore, le référendum pourrait être pour Nicolas Sarkozy un recours plus envisageable que le Congrès, rendu moins facile par le basculement du Sénat à gauche en septembre 2011.
Avec la campagne, le président veut cliver. Il a choisi de piocher dans les fondamentaux du gaullisme : lier le peuple aux choix de société. L'idée est de ne pas diviser mais de permettre aux Français sur des questions très précises, assure un de ses proches. Pour un autre de ses conseillers, il s'agit de la meilleure façon pour surmonter les blocages dans notre société - sous-entendant par là, les corps constitués que sont les syndicats, qui ne permettent plus de bouger les lignes.
Des mauvais souvenirs pour Sarkozy
Cette annonce d’un recours au référendum constitue une surprise de la part de Nicolas Sarkozy. Le chef de l’Etat n’a pas gardé que des bons souvenirs de l’exercice. En 2003, alors ministre de l’Intérieur, il avait proposé aux Corses notamment la fusion des deux départements de l’Ile de Beauté. Le "non" l’avait emporté à 51%. En 2005, même s’il avait été discret, il penchait pour le "oui" lors du référendum portant sur la constitution européenne. Là encore, le "non" s’était imposé, avec 54,68% des suffrages exprimés.
Mais il semble que Nicolas Sarkozy ait changé d’avis sur cet outil, qui a d’abord l’avantage de donner une posture gaullienne à celui qui en use. "Il y a eu une maturation chez lui, il craignait pendant longtemps que les gens ne répondent pas à la question posée", assure l'un de ses conseillers dans Le Parisien.