"L'augmentation de salaire du président est-elle justifiée ?" "Pensez-vous que Carla Bruni représente bien la France à l'étranger ?" "Cette personnalité ferait-elle un(e) bon(ne) candidat(e) à l'élection présidentielle ?" : la question des sondages vient de nouveau éclabousser le palais de l'Elysée. Quelque 264 sondages auraient ainsi été commandés entre 2007 et 2009, a révélé lundi Raymond Avrillier, un élu écologiste grenoblois. Dénonçant les "irrégularités" et "l'ivresse sondagière" de Nicolas Sarkozy, celui-ci évoque une facture de 6,35 millions d'euros.
L'enquête d'un simple citoyen
Raymond Avrillier, connu pour sa ténacité, avait saisi en 2009, en tant que simple citoyen, le tribunal administratif de Paris, qui avait enjoint le 17 février dernier la présidence de la République de communiquer les conventions d'études et les factures des sondages qu'elle a fait réaliser entre 2007 et 2009. Sa demande s'appuyait sur la loi du 17 juillet 1978 qui favorise l'accès aux documents administratifs.
"Ces documents montrent une addiction sondagière, une conduite à la petite semaine, au GPS des sondages", a réagi Raymond Avrillier, lundi, en marge d'une conférence de presse. "Uniquement en 2007, les prestations de conseils et les sondages payés sur fonds publics ont atteint 1,194 millions d'euros. C'est une somme énorme", a-t-il détaillé, s'appuyant sur des documents officiels, fournis par l'Elysée, sur ordre du tribunal administratif de Paris.
Dès 2008, l'Elysée préparait 2012
"Certains ont été clairement utilisés par l'UMP notamment en vue de l'élection présidentielle de 2012", a ajouté l'ex-élu écologiste, qui assure n'avoir "obtenu que 134" de ces 264 sondages. "Pour chacune des personnalités suivantes diriez-vous qu'elle ferait un(e) bon(ne) candidat(e) à l'élection présidentielle ?", interroge en décembre 2008 l'un de ces sondages énumérant uniquement des personnalités du Parti socialiste.
Raymond Avrillier, qui a reçu quatre cartons de documents, s'amuse entre autres d'avoir pu obtenir la copie de "nombreux" sondages en 2008 concernant la liaison du président avec sa future épouse. "Que pensez-vous de son mariage possible avec Carla Bruni ?", interroge l'un d'eux. Ce qui fait dire au militant que ces sondages "ne relèvent pas de la conduite de l'Etat".
Encore des zones d'ombre
L'écologiste affirme, par ailleurs, ne pas avoir reçu les bons de commandes de sondages "indirects" commandés par l'intermédiaire des cabinets d'études Publifact, PubliOpinion et Giacometti. Ceux-ci n'ont, en outre, jamais été mis en concurrence comme le prévoit la loi, d'après lui.
"Cette surfacturation potentielle par ces intermédiaires soulève la question d'une sortie irrégulière d'argent des caisses de l'Etat", avance l'ex-élu grenoblois, alors que ces prestations ont été facturées 2,98 millions d'euros au total à Publifact et PubliOpinion et 1,38 million à Giacometti Péron, détaille-t-il.
Après la publication d'un premier rapport de la Cour des comptes épinglant l'Elysée sur des facturations d'études d'opinion, la cour d'appel de Paris s'était opposée, en novembre 2011, à ce qu'un juge d'instruction enquête sur le contrat, sans mise en concurrence, conclu en 2007 entre l'Elysée et Publifact pour la réalisation de sondages.
Raymond Avrillier a déposé des recours auprès du tribunal administratif de Paris pour que lui soit communiqués les documents manquants. Il a également formulé une nouvelle demande pour obtenir les documents des années 2010, 2011 et 2012.