S’il se refuse à parler, d’autres le font pour lui. Après des vacances sous le soleil du Cap Nègre ou de Miami, Nicolas Sarkozy a retrouvé ses bureaux de la rue Miromesnil, à Paris, en début de semaine. Et à en croire ses nombreux visiteurs, il n’a qu’un mot à la bouche : la Syrie, la Syrie, la Syrie.
Critiquer oui, mais sans gêner Hollande. "C‘est un sujet qui le passionne. Il est très inquiet de ce qui va se passer, mais il n’a pas prévu de prendre la parole publiquement", confirme un de ses proches, vendredi, dans les colonnes du Figaro. Nicolas Sarkozy, s’il est très critique sur l’attentisme de François Hollande, ne veut toutefois pas gêner son successeur. La gravité de la situation lui impose le silence, quand lui voudrait ruer dans les brancards pour accélérer le cours des choses. Prendre la parole, ce serait également offrir l’opportunité à l’actuel chef de l’Etat de fustiger son interventionnisme. "Il ne lui offrira pas cette occasion", confie un proche dans Le Parisien.
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"Je vous l’avais bien dit !" S’il y a une chose qui exaspère Nicolas Sarkozy, c’est d’avoir eu raison avant les autres. C’est en tout cas ce qu’il assure à ses (nombreux) visiteurs. En août 2012, alors qu’il s’était juré de s’astreindre à une cure médiatique de plusieurs années, l’ancien président s’était fendu d’un communiqué cosigné avec le président du Conseil national syrien (CNS) et principal chef de l'opposition, Abdebasset Sieda. Dans ce texte, les deux hommes s’alarmaient de "la gravité de la crise syrienne" et avaient rappelé "la nécessité d'une action rapide de la communauté internationale pour éviter des massacres". "Je constate malheureusement que nous avions raison. On a perdu du temps", aurait lâché Nicolas Sarkozy à un visiteur, selon Le Parisien.
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Les conseils d’un ancien chef de guerre. L’ancien président n’a de cesse de mettre en avant les similitudes entre les dossiers libyen et syrien. Lui, à l’époque, avait su entraîner les autres pays européens derrière lui pour en finir avec Mouammar Kadhafi, se félicitent ses proches. Là, Nicolas Sarkozy regrette que François Hollande n’ait pas réussi à convaincre ses homologues de l’accompagner. "Il n’y a pas de mandat de l’ONU ni de l’OTAN, les Anglais sont aux abonnés absents, les Européens aussi. Il fallait parler davantage aux Russes, tenter de les convaincre", regrette-t-il.
François Hollande n’est pas le seul à essuyer les foudres de l’ancien président. Barack Obama est également critiqué pour sa décision de demander l’assentiment de son Congrès. "Ce n'est pas un leader, mais un suiveur", tranche Nicolas Sarkozy, pas plus emballé par l’attitude de David Cameron. "Il n’y a pas de leadership dans cette affaire", conclut-il.