"Je pense que son intérêt est de rester en dehors pendant deux ans et de voir ensuite comment la situation évolue dans le paysage politique du pays". Ainsi parlait Edouard Balladur sur Europe 1, en octobre dernier. Depuis, Nicolas Sarkozy a vu. Depuis, il jette des petits cailloux sur le chemin de son retour.
Faire parler, mais sans rien dire. Une fois, seulement, il est sorti de son mutisme. C’était pour appeler à une intervention internationale en Syrie, au cœur de l’été. Mais sur le front français, rien, pas un mot. Du moins officiellement. Car tous ceux qui le croisent l’assurent : Nicolas Sarkozy est toujours "shooté" à l’actualité nationale. Ils distillent ses avis et constats, puis charge ses troupes de porter sa (bonne) parole.
Dimanche, c’est le gardien du temple qui a fait frissonner la galaxie sarkozyste : "il est attentif, il n'est pas dans une bulle, il n'est pas hors-sol. Il est très directement intéressé par ce qui préoccupe nos compatriotes, ni plus ni moins", a lancé Brice Hortefeux sur le plateau de Dimanche+. Les sondages montrent que les sympathisants de l’UMP n’ont pas oublié leur champion déchu ? "Quand on demande quel est le président qui ferait mieux face à la crise, il y a le général de Gaulle, et juste après, lui. Tout ceci, il le reçoit comme un message affectif", assure l’ami de 30 ans, pas peu fier.
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Alain Juppé, qui n’est pas le plus grand fan de l’ancien président, a quant à lui assuré, lors de "Questions d'Info" LCP/France Info/Le Monde/AFP, qu’il "suit l'actualité politique avec beaucoup d'attention. On se téléphone, je vois qu'il est très vigilant", a affirmé l'ancien Premier ministre, qui "sent" que Nicolas Sarkozy a "envie" de se présenter à la présidentielle de 2017. Bernadette Chirac, elle, "souhaite personnellement que Nicolas Sarkozy se représente." Trois figures de la droite en quelques jours, cela fait beaucoup pour que certains n’y voient pas une stratégie de communication parfaitement rodée.
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Laisser croire, sans confirmer ni démentir. Nicolas Sarkozy a une chance : personne ne s’est imposé depuis son départ. Le naufrage de l’UMP lui offre un boulevard, et en privé il ne se prive pas pour tancer Jean-François Copé et François Fillon. A droite, pas de doute possible, le chef c’est lui. Mais sa stratégie est comme l’homme : insaisissable. Chaque membre de l’UMP sort de son bureau de la rue Miromesnil avec juste ce qu’il faut de doutes sur son ambition pour continuer à lui jurer fidélité, au cas où… Ses visiteurs du soir sont soumis au même traitement. Personne ne sait, mais tout le monde en parle. Les amis de 30 ans, eux, sont chargés de maintenir la pression pour éviter la tentation du droit d’inventaire.
Rassembler… mais en son absence. Mercredi, l’Association des amis de Sarkozy tiendra son deuxième colloque. Le thème de la journée, qui se déroulera à la Mutualité : "le rôle et la place de la France dans le monde durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy". Dit autrement : pourquoi et comment Nicolas Sarkozy a brillé sur la scène internationale. L’UMP sera là au grand complet, sous l’égide de Brice Hortefeux, monsieur Loyal et président de l’association. Même François Fillon, qui présentera son programme pour la France dans quelques jours, fera le déplacement !
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Les adhérents de l’association se sont mobilisés en masse pour écouter les cadres du mouvement glorifier l’action de l’ancien chef de l’Etat. La salle est déjà pleine. Le dernier sondage paru ne leur a pas échappé : deux sympathisants de l'UMP sur trois souhaitent que Nicolas Sarkozy "revienne dans la vie politique et soit le candidat de la droite à la présidentielle de 2017". Mais lui, le veut-il vraiment ? En privé, il laisse parfois entendre qu’il pourrait revenir non par envie, mais par devoir. Un de ses anciens ministres, Bruno Le Maire, tranche, catégorique, dans le JDD : "on le sait bien qu’il veut revenir". Les Français, eux, sont moins emballés : selon un sondage BVA pour i