La phrase. “Aujourd’hui encore, toute personne qui me téléphone doit savoir qu’elle sera écoutée. Vous lisez bien. Ce n’est pas un extrait du merveilleux film La vie des autres sur l’Allemagne de l’Est et les activités de la Stasi.”
Le film référence. Nicolas Sarkozy n’y est pas allé de main morte dans la tribune publiée jeudi sur le site du Figaro pour répondre aux soupçons de trafic d’influence qui portent sur lui et aux écoutes judiciaires qui le visent. Selon lui, la surveillance dont il fait l’objet est comparable à ce que l’on peut voir dans le film de Florian Henckel von Donnersmarck en 2006, récompensé par l’Oscar du meilleur film en langue étrangère.
Pitch du film. Au début des années 80, à Berlin Est, un couple d’intellectuels communistes est mis sur écoute. Le ministère de la Culture s’intéresse notamment à la femme, soupçonnée de ne pas réellement adhérer aux idées du parti. La fiction historique s’insère dans la réalité de l’époque, où de nombreuses écoutes étaient mises en place pour surveiller ceux qui déplaisaient à la Stasi, la police secrète du pouvoir en place.
En témoigne cette carte, trouvée au musée de la Stasi, à Berlin.
Chaque point rouge était un appartement espion de la Stasi en 1989 dans le quartier de Prenzlauer Berg à Berlin 1/2 pic.twitter.com/d9Spnkml— Damien Brunon (@dbrunon) 3 Février 2013
La Stasi déjà évoquée. Or, Nicolas Sarkozy a été mis sur écoute pour des raisons judiciaires et non politiques. Il ne fait par ailleurs pas l'objet d'un régime de surveillance aussi drastique que ce que l’on pouvait vivre en Allemagne de l’Est. Et hasard des choses, il n’est pas non plus le premier à évoquer le film allemand à droite.
En effet, mardi matin, invité de la matinale de BFMTV, le député de l’Eure, Bruno Le Maire, avait déjà évoqué La vie des autres en face de Jean-Jacques Bourdin. Rebelote jeudi matin sur RTL : la candidate UMP à la mairie de Paris, Nathalie Kosciusko-Morizet, y avait fait référence également.
Ils réagissaient tous les deux à une précédente déclaration de Benoît Hamon. Sur BFMTV, le ministre délégué à l’Economie sociale et solidaire avait expliqué que Nicolas Sarkozy n’avait pas à s’inquiéter d’être sur écoute, si il n’avait rien à se reprocher.
Benoit Hamon : "il n'y a pas de problème à être...par LeLab_E1Le Syndicat des cadres de la sécurité intérieur choqué. Dans un communiqué publié au lendemain de la publication de la tribune de Nicolas Sarkozy, le SCSI a indiqué "regretter" les propos de l'ancien président. "Comment peut-il oublier que la STASI pratiquait des écoutes administratives généralisées alors que dans cette affaire il s’agit d’une interception téléphonique intervenant dans le cadre d’une instruction judiciaire relative au délit supposé de trafic d’influence", rétorque le syndicat des cadres de la sécurité intérieur.
Alors que Nicolas Sarkozy a affirmé queles juges avaient entendu ses conversations avec les responsables politiques, le syndicat précise bien qu'il ne transmettait aux magistrats que "les éléments relatifs à l'enquête". "Seul les éléments relatifs à l’enquête en cours peuvent être retranscris sur procès-verbal. Ces exigences étaient déjà la règle lorsqu’il était en responsabilité et n’ont pas évolué en 2012 après l’alternance politique, d’autant que la plupart des responsables de la Police d’aujourd’hui étaient déjà en place à son époque", lâche le SCSI.
QUESTION - Affaire Sarkozy : qu'est-ce qui caractérise le trafic d'influence ?
REVELATION - Sarkozy sur écoute : une nouvelle affaire en six actes
L'INFO POLITIQUE - Sarkozy écouté : désormais, c'est silence sur la ligne
ENREGISTREMENTS - Des extraits d'écoutes de Sarkozy dévoilés