Nicolas Sarkozy veut renouer avec le monde rural. Il a passé plus de trois heures mardi matin dans l'exploitation céréalière de Samuel Herblot à Buno-Bonnevaux dans l’Essonne. Un choix qui ne doit rien au hasard. Ce dernier est adhérent au syndicat des Jeunes Agriculteurs (JA) dont la section Ile-de-France (IDF) a mené ces derniers mois plusieurs actions spectaculaires sur les Champs-Elysées et au Salon de l'agriculture. Ils avaient menacé de perturber la visite du chef de l'Etat avant d’obtenir un rendez-vous avec ce dernier. Nicolas Sarkozy les a reçus à la mi-mars et leur a promis cette visite dans l'Essonne.
Le bilan de santé de la PAC
Les producteurs de céréales ferraillent contre le redéploiement à leurs dépens, décidé début 2009, de plus d’un milliard d'euros d'aides publiques versées au titre la politique agricole commune (PAC) au profit des éleveurs, notamment de moyenne montagne. Ce bilan de santé se traduit par un recul d'environ 100 euros par hectare des aides européennes distribuées par la France aux céréaliers au profit notamment des éleveurs et des agriculteurs des zones de montagne.
A l'époque, les pouvoirs publics pensaient que les cours mondiaux des céréales resteraient élevés. Ils avaient donc voulu aider les éleveurs dont l'activité est bien moins rentable, et ainsi favoriser l'aménagement du territoire.
"Je ne reculerai pas sur ce bilan de santé de la Pac, même si c'est arrivé au plus mauvais moment pour vous (...) au moment de la chute des cours", a répondu M. Sarkozy au président des Jeunes agriculteurs d'Ile-de-France, Damien Greffin, pendant une table ronde. "Nous l'avons fait pour assurer la pérennité de la Pac en Europe et pour avoir un maximum de pays (européens) derrière nous", a-t-il justifié, "ce travail était absolument incontournable, il nous a permis de récupérer 24 pays sur 27 qui ont dit +nous voulons sauver la politique agricole commune+".
Taxer les grandes surfaces
Nicolas Sarkozy a ajouté que des "dispositifs fiscaux" susceptibles de les aider étaient inclus dans le projet de loi de modernisation agricole qui doit être examiné en mai par le Parlement. Il a cité "la possibilité d'enclencher une taxe additionnelle sur les surfaces commerciales s'il n'y a pas eu un accord de modération des marges" de ces grandes surfaces sur les produits agricoles. Nicolas Sarkozy s'est également dit prêt à tester "sur un ou deux produits" une taxe sur les prix proposée par les agriculteurs, mais à la condition expresse qu'elle soit "compatible avec la législation européenne".
Le président a enfin répété que la régulation des prix agricoles faisait partie de ses "priorités" pour la présidence française du G20, qui débute en novembre 2010. Dans ce cadre aura lieu un "sommet des ministres de l'Agriculture pour parler de la volatilité du marché des matières premières agricoles et des matières premières en général", a-t-il annoncé.
Chute de revenus
L'an dernier la filière céréalière a vu ses revenus baisser de 51% dans la foulée de la chute des cours des céréales (-24%) qui avaient été au plus haut en 2006 et 2007. La baisse de la rémunération des céréaliers est similaire à celle des producteurs laitiers alors qu'en moyenne le monde agricole a enregistré une diminution de 34% de ses revenus en 2009.