Ils sont groggys. Et en colère. Au lendemain de la décision des Sages de rejeter les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy, cadres et militants de l’UMP se sont réveillés avec la gueule de bois. Mais rassemblés derrière leur ancien président. Et si, finalement, ce coup dur était un coup de pouce ?
La théorie du complot. Depuis des semaines, Nicolas Sarkozy répète à qui veut l’entendre que la gauche veut sa peau. Cette décision des Sages en est, selon ses proches, une nouvelle preuve. "J’observe un acharnement sans précédent contre un président sortant qui pourrait jouer un rôle dans l'avenir ! Sans précédent !", a tonné Henri Guaino, son ancien conseiller spécial, vendredi matin sur Europe 1. Brice Hortefeux, le plus fidèle des sarkozystes, a lui aussi stigmatisé, vendredi matin sur RTL, "une décision qui s'en prend une nouvelle fois à Nicolas Sarkozy, la cible de tous les pouvoirs. Faut-il que sa personnalité bouscule et gêne, que sa volonté et son expérience inquiète ?" Les militants sont sur la même ligne, et crient à l’acharnement.
Les Sages au banc des accusés. En filigrane de ces critiques, c’est l’impartialité du Conseil constitutionnel qui est remise en cause. Certains sarkozystes ne se sont d’ailleurs pas privés pour rappeler que la gauche a nommé, en février dernier, deux nouvelles personnalités - sur neuf - pour y siéger. "C’est tellement gros, tellement aberrant que je remets en cause, et je l’assume, l’impartialité du Conseil constitutionnel", a tranché Antoine, jeune adhérent UMP du Nord, interrogé vendredi matin par Europe 1.
"Je signale que sept sur neuf ont été choisis par des personnalités politiques de droite ! A priori, ils n'ont pas choisi des ultras gauches. Ce sont pour la plupart des juristes, des professeurs de droit ou des politiques qui connaissent un peu le droit, et généralement des centristes...", a rétorqué, sur Europe 1, Olivier Duhamel, juriste et politologue spécialiste du droit constitutionnel.
Des militants prêts à casser leur tirelire. En privant l’UMP d’un remboursement de près de 11 millions d’euros, les Sages ont plongé le principal parti d’opposition dans une situation plus que délicate. Pour y remédier, Jean-François Copé a lancé dès jeudi soir une "grande souscription nationale". Si chaque militant verse 36 euros, l’UMP pourra respirer.
Et à écouter les militants interrogés par Europe 1, la recette devrait être bonne. Antoine rappelle ainsi qu’être militant, "c’est aussi financier. Je suis étudiant, je n’ai pas grand-chose, mais s’il faut mettre 30 ou 40 euros pour sauver le parti, je les mettrai." Une autre jeune militante abonde dans son sens : "je serai prête à augmenter ma cotisation à l’UMP si c’est nécessaire pour sauver le parti et pour que l’on arrête de s’acharner sur nous." Histoire d’apporter son écot, Nicolas Sarkozy s’est fendu d’un message de mobilisation sur sa page Facebook, vendredi : "je vous demande de m’aider".
Un tremplin pour revenir dans le jeu. Il meurt d’envie de parler, mais s’astreint au silence. Pour le moment. En annonçant son retrait du Conseil constitutionnel, Nicolas Sarkozy va "retrouver sa liberté de parole", et c’est lui qui le dit. L’ancien président avait même envie d’en découdre dès jeudi soir à la télévision, avant que ses amis ne le convainquent de n’en faire rien. Trop tôt. Mais cette "affaire" pourrait bien l’inciter à revenir dans le jeu plus vite que prévu initialement. "Les sondages parlent. Nicolas Sarkozy reste le préféré de l’UMP. J’espère que cette mésaventure va nous permettre de nous serrer les coudes", glisse un militant joint par Europe 1. "Je pense que l’on peut en ressortir plus fort parce que nous, militants, on le soutiendra quoiqu’il se passe et quoiqu’il arrive", renchéri une autre.
Vendredi, Nicolas Sarkozy s’est donc exprimé sur sa page Facebook. Un premier pas. Un peu plus tard dans la journée, on apprenait qu'il serait présent à la réunion extraordinaire du bureau politique de l'UMP, qui se tiendra lundi prochain. Un second pas. "Aujourd'hui, on a besoin de Nicolas Sarkozy, de l'UMP pour offrir une alternative crédible", a poursuivi son plus grand admirateur, le leader de la Droite forte Guillaume Peltier. Tous (ou presque) attendent le feu vert du patron pour lancer la reconquête. Au centre des critiques médiatiques - et des enquêtes judiciaires -, Sarkozy revient au centre du jeu politique.