La première que vient d'instaurer Nicolas Sarkozy n'est pas du goût de tous. Alors que le président de la République a écrit aux parlementaires pour leur demander de voter la règle d'or, les réactions sont mitigées : plutôt hostiles à gauche et plutôt favorables à droite.
Hollande énervé
Le candidat à la primaire PS, François Hollande, estime que Nicolas Sarkozy n'a "aucune leçon à donner" sur les comptes publics. Pour le député de Corrèze, le chef de l'Etat "a même plutôt une repentance à avouer : c'est sous son mandat que les comptes publics se sont dégradés avec la plus grande rapidité et hélas la plus grande intensité".
"La première décision que devrait prendre Nicolas Sarkozy, avant d'envoyer une lettre, ça serait de remettre en cause les mesures qu'il a lui-même fait voter au lendemain de son élection, et qu'il affirme là la nécessité de redresser les comptes publics", a encore dit François Hollande. Le député propose "que nous réglions cette exigence de redresser les finances publiques au lendemain de 2012. Tout ce qui sera annoncé avant sera de l'affichage."
Sarkozy "disqualifié pour donner des leçons"
Même son de cloche chez Martine Aubry, qui a jugé que Nicolas Sarkozy était "totalement disqualifié pour donner à quiconque une quelconque leçon de maîtrise des comptes publics". La candidate à la primaire PS estime qu'avec cette lettre, le président de la République "se lance dans une nouvelle opération de pure communication".
"Ce que nous demandons, ce sont des actes concrets dès maintenant, des preuves que ce n'est pas une opération de communication", a ajouté Jean-Marc Ayrault. Et le chef de file des députés PS d'inviter "le gouvernement à donner la preuve de sa sincérité en supprimant des niches fiscales".
A gauche encore, Martine Billard, la co-présidente du Parti de Gauche, a estimé que Nicolas Sarkozy avait inauguré "la démocratie littéraire". "Nicolas Sarkozy ose se parer de l'intérêt général et de l'avenir des peuples et des générations futures", alors que "la crise actuelle de la dette française est le résultat de 9 ans de déficit public organisé par la baisse des recettes fiscales sous l'égide de Nicolas Sarkozy et des gouvernements UMP", dénonce encore Martine Billard.
Borloo prêt à aller plus loin
Jean-Louis Borloo de son côté se montre plus compréhensif et veut même aller plus loin. Le président du Parti radical pense que le chef de l'Etat avait eu "raison d'écrire aux parlementaires". "Je pense qu'on pourrait aller plus loin et les réunir, la situation le justifie", a-t-il ajouté.
La présidente du Front national, Marine Le Pen, s'est montrée encore plus sévère, qualifiant Nicolas Sarkozy de "président de la dette par excellence". "Les artifices de communication qu'utilise Nicolas Sarkozy pour tenter de se présenter comme un gestionnaire vertueux, telle la lettre adressée ce jour aux parlementaires, ne font pas oublier la réalité des chiffres : Nicolas Sarkozy est le président de la dette par excellence", a fustigé Marine Le Pen.
Pour Copé, une "main tendue" au PS
Christian Jacob, président du groupe UMP à l'Assemblée, a estimé que Nicolas Sarkozy mettait la "majorité comme l'opposition" face à "leurs responsabilités". Soulignant que c'est au président de "décider de convoquer ou pas" le Congrès, Christian Jacob souligne qu'"il est complètement dans son rôle en nous obligeant à la responsabilité et en obligeant les parlementaires et les partis politiques à dire 'oui, nous décidons et nous gravons dans le marbre l'équilibre de notre budget'".
Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, de son côté "espère que le Parti socialiste" saura saisir "la main tendue" à l'opposition par le président Sarkozy "pour faire prévaloir l’esprit de responsabilité sur les calculs politiciens". "C'est la première fois sous la Vème République qu’un président s’adresse ainsi à la représentation nationale", constate le patron de l'UMP dans un communiqué.