"Il est probable que tout ça sonne assez mal aux oreilles des Français", a analysé Gaël Sliman, le directeur général adjoint de l'institut BVA au lendemain de la mise en place de la nouvelle équipe de François Fillon. Les spécialistes de l’opinion politique assurent que "le gouvernement marque une certaine continuité", comme l’a expliqué lundi matin Brice Teinturier, directeur de l’institut Ipsos, sur Europe 1.
"Une non-prise en compte de la revendication"
Mais cette "cohérence" ne devrait pas plaire à une majorité de Français. Selon Brice Teinturier, "la composition du gouvernement va satisfaire les sympathisants UMP, mais ce n’est pas un gouvernement qui peut satisfaire soit les centristes, soit les sympathisants de gauche et le reste des électeurs. Ils vont y voir la marque de non prise en compte de ces derniers mois et de la revendication".
C’est également l’avis de Roland Cayrol, le fondateur de l’institut de sondages CSA. Pour lui, "même si le gouvernement apporte de vrais changements dans les personnes qui le composent, c’est avant tout le nom du Premier ministre qui compte pour les Français. Là, ils vont seulement retenir que rien ne change au final". C'est ce qu'il explique dans l'édition de lundi du Parisien.
"La popularité n’a pas joué"
"Ce qui est frappant dans ce gouvernement, c’est que l’on voit que le critère de la popularité n’a pas joué. Des femmes ou des hommes éminemment populaires ne sont plus dans le gouvernement", a remarqué Brice Teinturier. Selon lui, "la marque de fabrique de Nicolas Sarkozy ce n’est pas le court terme mais le moyen terme", soit l’élection présidentielle de 2012.
Il y a toutefois une "exception" qui confirme la règle, et il s’agit de François Fillon. Le chef de l’Etat a, semble-t-il, fait attention à la popularité de son Premier ministre pour le confirme dans ses fonctions. Car François Fillon est "resté populaire chez les sympathisants UMP" avant le remaniement et surtout, il est "préféré à Jean-Louis Borloo", donné comme possible successeur de François Fillon à Matignon.
Sarkozy forme un commando
Le gouvernement Fillon-III est marqué, selon Gaël Sliman, par "l'entrée de personnalités qui bénéficient d'une cote assez médiocre dans l'opinion". Il fait notamment référence à Alain Juppé. Pour lui, Nicolas Sarkozy a "une volonté de créer un gouvernement commando, de gens très proches". Concrètement, le chef de l'Etat "préfère mécontenter ou décevoir les Français, mais gouverneer avec une équipe de gens qui sont ses hommes et, en qui, il a toute confiance", affirme le directeur général adjoint de BVA.
Mais à travers ce choix, le président de la République est "plus au coeur de cible de son électorat", selon Roland Cayrol sur Europe 1. Il explique que Nicolas Sarkozy a "fait le contraire de ce qu'il voulait" et qu'"on lui a imposé" la sélection de ce Fillon-III. Ainsi, on a un gouvernement politiquement plus sec, plus resséré, on enlève ce qui, faisait la respiration politique, venant de l'ouverture", a précisé le sondeur.