C’était il y a 28 ans. Le 26 mars 1982, le gouvernement socialiste mis en place par François Mitterrand décidait d’abaisser l’âge de la retraite à 60 ans alors qu’il était fixé jusque là à 65 ans. Un héritage que Nicolas Sarkozy a fustigé, mardi, lors d’une réunion à huis-clos devant des militants UMP à Beauvais dans l’Oise. Pour mieux justifier la contre-réforme en préparation.
"Vous savez, quand on pense à ce qu'a fait François Mitterrand en ramenant l'âge légal de départ à la retraite de 65 à 60 ans ! On aurait beaucoup moins de problème s'il s'était abstenu", a lancé le chef de l’Etat, selon des propos rapportés par Le Figaro mercredi. Une critique reprise à son compte mercredi par Xavier Bertrand, le secrétaire général de l'UMP, qui a certifié que la réforme à l'époque avait été actée sans en "prévoir le financement".
Un double chiffon rouge
26 mars 1982-13 juin 1998. Nicolas Sarkozy a ensuite fait un bond dans le temps pour agiter un second chiffon rouge : la réforme des 35 heures portée par Martine Aubry, actuelle Première secrétaire du PS et présidentiable potentielle.
Nicolas Sarkozy "a dit que la situation du déficit aujourd’hui, propre aux retraites particulièrement, ne serait pas aussi grave et préoccupante si les socialistes n’avaient pas pris les deux décisions avec des conséquences catastrophiques pour notre économique des 35 heures et de l’abaissement de la retraite", résume Martin, un militant UMP rencontré par Europe 1.
"Ce n'est pas digne"
La réponse du Parti socialiste n’a pas tardé. "Quand un homme est capable, 15 ans après le décès de son prédécesseur, de le mettre en cause (...) on le renvoie à ses propres mensonges, mais ce n'est pas digne d'un président de la République", a rétorqué Martine Aubry sur RTL. "On doit pouvoir même remonter peut-être à Léon Blum ou à Jean Jaurès que Nicolas Sarkozy citait abondamment pendant sa campagne", a ironisé de son côté Manuel Valls, sur i-TELE.
François Hollande a lui eu une pensée pour tous les Français partis à la retraite à 60 ans depuis la réforme de 1982. "Ces Français-là ont bien eu de la chance de ne pas avoir eu Nicolas Sarkozy", a lancé sur France Info l’ancien premier secrétaire du PS.
Un argument de campagne
Pierre Moscovici a de son côté jugé que le chef de l'Etat utilise cette affaire car il est en campagne électorale et souhaite remobiliser la droite. Nicolas Sarkozy, avec ses propos "totalement inélégants", veut refaire une "petite pelote sur le dos de la gauche et donc il attaque François Mitterrand", a-t-il jugé sur Public Sénat.