Tout avait pourtant bien commencé. Après un bain de foule improvisé dans le petit village d'Héricourt dans le Pas-de-Calais, la signature de quelques autographes, Nicolas Sarkozy s'est rendu à la ferme de Mickael Poillion, ce jeune agriculteur qui avait vivement interpellé le chef de l'Etat lors de l'émission Paroles de Français, diffusée en février dernier sur TF1.
Les agriculteurs ne sentent pas compris
Mais l'ambiance entre les deux hommes s'est révélée à nouveau tendue. Face à la stabulation des vaches, la parole présidentielle a du mal à passer. Nicolas Sarkozy a été interpellé parfois vertement par de jeunes agriculteurs qui expriment leurs inquiétudes. Tant et si bien que le sourire entre le président et son hôte, s'est très souvent crispé.
"Je suis un jeune paysan qui a envie de partager ses convictions et qui se rend compte que le premier homme de France a vraiment besoin d'aller mettre les pieds dans une exploitation comme la mienne pour vraiment comprendre les enjeux et échanger avec ma génération", avait expliqué mercredi Mickael Poillion à Europe 1 .
"Je vais lui mettre les pieds dans la terre", a assuré le jeune agriculteur :
Quant à la possibilité d'une récupération politique de cette visite, Mickael Poillion ne se faisait pas d'illusion : "forcément j'ai des craintes". "Mais je vais être avec le président de la République et son ministre de l'Agriculture. On va parler de long terme", avait assuré Mickael Poillion.
"Sortir" de l'enjeu de 2012
L'agriculteur entendait rester loin de 2012 : "on va amener des débats qui vont dépasser complétement cette façon réductrice de se demander en permanence s'il va être candidat ou pas. Moi, ce n'est pas ce qui m'intéresse du tout et je pense même que l'on a besoin de sortir de ce genre de débats pour amener les vrais sujets de fond".
Le président de la République rend néanmoins visite à une population qui fait partie du cœur de cible de l'UMP. Nicolas Sarkozy a donc réaffirmé qu'il lutterait contre une réduction du budget de la Pac, la politique agricole commune. Cette dernière profite largement aux agriculteurs français mais devrait être prochainement réformée par les partenaires européens.
Le maintien du budget de la PAC ou un blocage
Lors d'une table ronde, à Arras plus tard dans l'après-midi, le chef de l'Etat à réaffirmé l'attachement de la France à la Pac. "La France veut le maintien du budget de la politique agricole commune à l'euro près", a-t-il martelé, menaçant de bloquer les discussions si Paris n'était pas entendu. "Que personne ne s'imagine que nous laisserons détruire la politique agricole commune, et que personne ne s'imagine que la France acceptera une réduction du budget de la politique agricole commune", a-t-il insisté, "ma capacité à accepter un compromis sur cette ligne rouge, c'est zéro plus zéro". Le chef de l'Etat s'est toutefois dit prêt à envisager des aménagements sur les allocations de cette politique européenne dans le cadre des négociations pour le budget européen de 2014 à 2020.