Sarkozy "sale mec" ? L'UMP s'enflamme

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et Alexandre Kara , modifié à
La majorité dénonce "l'insulte" de Hollande. Des propos toutefois sortis de leur contexte.

Branle-bas de combat à l'UMP. Des responsables de la majorité sont vent debout, depuis mercredi matin, contre "l'insulte" de François Hollande qui, selon Le Parisien, aurait traité Nicolas Sarkozy de "sale mec". "Pour Hollande, il n'y a pas de mystère : c'est bien le chef de l'Etat, 'un président en échec', 'un sale mec, qui se cache derrière les formules de l'UMP'", écrit le quotidien. Des propos toutefois sortis de leur contexte. Selon un journaliste d’Europe 1 présent à ce déjeuner, le candidat socialiste imaginait Nicolas Sarkozy s’adressant aux Français : "Il va aller devant les Français et qu’est-ce qu’il va leur dire : je suis un président de l’échec depuis 5 ans, je suis un sale mec…mais réélisez-moi…parce que moi je suis le seul capable de gouverner…et j’ai le courage d’affronter l’impopularité", selon les propos du socialiste.

François Hollande se mettait donc à la place du chef de l'Etat. Cette dernière version a par ailleurs été confirmée par d'autres journalistes présents ce jour-là. Matthieu Croissandeau, chef du service politique du Parisien, a reconnu mercredi que François Hollande s'était "glissé dans la peau de son rival" et n'avait "pas officiellement traité le chef d'Etat de sale mec", mais explique pourquoi il a décidé de publier cette expression. "Le choix de ce qualificatif pour appuyer son raisonnement en dit long sur l’estime qu’il porte à son adversaire. Raison pour laquelle nous avons décidé, ce matin, de le publier", a-t-il expliqué. Trop tard cependant. La polémique est lancée et la hache de guerre déterrée.

L’UMP exige des "excuses publiques"

A commencer par le député-maire de Nice, Christian Estrosi. "L’injure ne peut pas tenir lieu d'argument politique. Monsieur Hollande vient de démontrer qu'il n'est pas au niveau pour un tel poste", charge l’ancien ministre de l’Industrie. Pour ce proche du chef de l’Etat, s'il s'agit d'un dérapage, la majorité "attend des excuses immédiates" et s'il s'agit d'une ligne politique, François Hollande "emprunte un sale chemin".

La ministre de l’Apprentissage Nadine Morano va plus loin et exige des "excuses publiques". Au micro d'Europe 1, cette proche du chef de l’Etat estime que "quand on est candidat à l’élection présidentielle, on doit savoir se maîtriser, garder son sang froid". Son collègue du gouvernement Laurent Wauquiez a également réclamé des excuses. "François Hollande était entouré d’un petit cénacle de journalistes parisiens, il s’est lâché", a déclaré le ministre de l’Enseignement supérieur dans le cadre de l'émission Expliquez-vous, sur Europe 1 et iTélé. "Ça peut arriver, tout le monde peut perdre ses nerfs, son sang-froid. Mais il faut savoir s'excuser."

Pour la députée Valérie Rosso-Debord, "c’est carrément carton rouge. On n’insulte pas le président de la République", s’est-elle émue sur BFM-TV, condamnant un "dérapage inacceptable".

Invité d’Europe 1, le ministre de l’Intérieur Claude Guéant a, de son côté,  dénoncé "quelque chose d’inacceptable". "J’observe que beaucoup des gens qui travaillent avec lui se laissent aller à des propos violents, mensongers (…) et quand l’insulte et le mensonge tiennent lieu d’arguments, il y a lieu de se poser des questions", a conclu l’ancien secrétaire général de l’Elysée.

>> Sur la polémique, lire le billet de Guy Birenbaum sur le Lab.

Ca suffit, dit "Hollande"

Face à cette nouvelle polémique, François Hollande s'est montré agacé. "Ca suffit les polémiques qui sont organisées chaque jour", s'est emporté le député de Corrèze en marge d"un déplacement à Pessac, près de Bordeaux. "Je ne me laisserai pas emmener, impressionner par ce que veut faire la droite de cette campagne. Les Français méritent mieux que l'utilisation incessante de propos d'ailleurs déformés", a-t-il lancé.

Dans l'entourage du candidat PS, on dit vouloir s'assurer de la teneur exacte des propos du candidat socialiste. Le président du groupe PS à l'Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault, a accusé l'UMP de "faire souffler un vent malsain" sur la campagne présidentielle en "tronquant des propos" du candidat socialiste, François Hollande, pour "lancer une polémique qui n'existe pas". "La réaction du camp du président de la République est "une manipulation grossière" particulièrement mal venue "de la part d'un parti dont le président s'est caractérisé ces dernières années par une véritable vulgarité", a pour part réagi Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole de François Hollande.

Mais pour Nadine Morano, la polémique est lancée. Et la ministre de comparer cet épisode à la "gaffe" de Lionel Jospin pendant la campagne présidentielle de 2002. "Ça me rappelle les propos de Lionel Jospin quand il était dans l’avion et qu’il avait critiqué Jacques Chirac". En "off", devant des journalistes, l’ancien Premier ministre socialiste avait qualifié son principal adversaire d’alors, Jacques Chirac, de "fatigué, usé, vieilli"…avant d’encaisser une lourde défaite quelques semaines plus tard.