Le "retocage". Officiellement, il a dépensé 21.339.664 euros. Mais pour la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), Nicolas Sarkozy a en fait déboursé beaucoup plus pour financer sa campagne présidentielle en 2012. Cette instance estime que le président battu a dépassé le seuil autorisé et a donc rejeté ses comptes de campagne, révèle L'Express.
Ce que dit la loi. Les deux candidats en lice au second tour de la présidentielle pouvaient dépenser jusqu'à 22.509.000 euros - un plafond fixé par la CNCCFP. Nicolas Sarkozy pensait donc être largement dans les clous. Mais la commission, saisie par François Hollande qui dénonçait la "double casquette" du président-candidat, a décidé de réintégrer dans les comptes de Nicolas Sarkozy des dépenses effectuées avant sa déclaration officielle de candidature, le 15 février dernier.
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Le précédent. Jusqu'à présent, seul Jacques Cheminade avait vu ses comptes de campagne rejetés. C'était en 1995. Lors de la dernière campagne présidentielle, le candidat de Solidarité et Progrès, devait encore 170.000 euros à l'Etat.
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Et la suite ? Nicolas Sarkozy a un mois pour déposer un recours devant le Conseil constitutionnel. Et le trésorier de sa campagne, le député Philippe Briand, a d'ores et déjà annoncé qu'il allait saisir cette opportunité car il conteste "le mode de calcul" de la Commission. "Nous ferons appel de cette décision sans précédent, dont l'origine provient d'une saisine d'élus de gauche et qui n'est donc sans doute pas dénuée d'arrières pensées politiques", a-t-il ajouté. Si la décision de la CNCCFP est confirmée par les Sages, l'ex-président ne pourra pas bénéficier du remboursement de ses dépenses. Et l'UMP serait ainsi être privée d'une aide publique de 11 millions d'euros.
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La réaction de l’opposition. Lors d'une déclaration au siège de l'UMP, Jean-François Copé a fait part de son "incompréhension". Pour lui, cette décision "consiste à considérer qu'un président de la République en exercice ne peut pas être candidat à sa propre succession ou alors doit cesser toute activité", en tant que chef de l'Etat "dans l'année qui précède le scrutin, ce qui est absolument impossible". Nathalie Kosciusko-Morizet estime quant à elle que cette décision pose "un sérieux problème institutionnel" et pouvait entraîner "une vacance du pouvoir en période électorale." Interrogée par l'AFP, la députée-maire UMP de Longjumeau s’interroge : "est-ce qu'un président est président jusqu'au bout, a-t-il le droit d'être candidat à sa réélection?" Un sortant qui postule à nouveau à l'Elysée doit-il "se mettre sur la réserve?", demande celle qui fut porte-parole de campagne de Nicolas Sarkozy.