Que pensez-vous du choix de Nicolas Sarkozy de s’exprimer dans Valeurs actuelles ?
C’est tout à fait logique. C’est le magazine qui parle le plus aux électeurs de droite. Et sa ligne éditoriale est plus marquée encore que celle du Figaro.
Comment analysez-vous ses propos?
C’est une improvisation savamment calculée. Ce n’est ni un acte manqué, encore moins un Nicolas Sarkozy qui se laisser aller à quelques confidences. Chaque mot est pesé, réfléchi. Il n’y a par exemple aucune petite phrase sur tel ou tel leader politique qui aurait pu alimenter la machine médiatique, ce n’est pas anodin. L’objectif était tout autre.
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Quel était-il justement ?
Il sent bien qu’il y a une nostalgie de sa personne. Tous les sondages le montrent, il manque aux militants et la droite se cherche encore un leader. Parce qu’il a le vent en poupe, il a tout intérêt à instiller dans l’esprit des gens qu’un retour est possible. Mais pas un retour pour un retour. Un retour parce que la situation l’exigerait, parce qu’il serait le plus à même de redresser le barre et de "sauver " les Français.
Vous ne croyez donc pas à son manque d’envie affiché ?
J’en doute. D’après les témoignages que j’ai reçus ici ou là, c’est vrai qu’il n’en a pas envie à court terme. Mais d’ici quatre ans, les circonstances peuvent changer, et c’est pour cela qu’il se tient prêt. L’Association des Amis de Sarkozy, qui organise des colloques, des levées de fonds et incite les gens à adhérer, c’est tout sauf un fan club... C’est le premier étage d’une fusée visant à le propulser vers la candidature en 2017. Le second, c’est d’alimenter les conversations, mais sans entrer dans la mêlée pour éviter de prendre des coups.
Est-ce une bonne nouvelle pour l’UMP ?
Cela va en tout cas gêner ceux qui voulaient réformer le parti ! Mais pour répondre à cette question, il faut analyser les stratégies des deux principaux "candidats" pour 2017. François Fillon s’est détaché de Sarkozy et c’était la seule stratégie valable pour lui. Dire qu’il se rangerait derrière l’ancien président en cas de retour, cela aurait été avouer qu’il n’a rien de plus à apporter. Désormais, il ne se pose plus comme un lieutenant de Sarkozy mais comme son égal, voire son futur adversaire. Quant à Jean-François Copé, en tant que patron de l’UMP, il a tout intérêt à se placer dans la roue de Nicolas Sarkozy et c’est ce qu’il a fait. La stratégie de Sarkozy n’est donc bonne ni pour l'un ni pour l’autre, elle ne l’est que pour… Sarkozy.