Le président d’honneur la LDH accuse le président d'agiter "les refrains des années 30".
"De la part de Nicolas Sarkozy plus rien ne me surprend tant cet homme virevolte avec les principes, dont apparemment il ne les connait pas ou les ignore", a assuré samedi matin Michel Tubiana, le président d’honneur la Ligue des Droits de l’Homme (LDH), sur Europe 1, revenant sur les propos du chef de l’Etat vendredi à Grenoble sur la sécurité.
L'interview intégrale de Michel Tubiana sur Europe 1 :
"Ce qui me choque profondément, c’est l’espèce de charge insensée à laquelle il s’est livrée vendredi, mêlant immigration, délinquance, etc.. Si je relie ça à la réunion tout à fait discriminatoire qu’il a tenu à propos des gens du voyage, on est dans une logique d’atteinte à la paix civile", a affirmé le président d’honneur la LDH. "On est dans une logique où Nicolas Sarkozy pointe des doigts ses propres erreurs sur le dos des étrangers", a-t-il expliqué.
Nicolas Sarkozy a prononcé vendredi un discours très ferme sur la sécurité. Il a réaffirmé sa volonté de faire la "guerre aux trafiquants et délinquants", avant d'égrener une série de mesures spectaculaires comme la déchéance de la nationalité pour certains criminels d'origine étrangère. Il a imputé une partie des problèmes d'insécurité de la France à une immigration "insuffisamment régulée".
Sarkozy "attise la haine"
Pour Michel Tubiana, "on est dans la manière la plus insupportable d'attiser la haine en désignant ces étrangers qui viennent manger notre pain". "Sur ce terrain-là, le président de la République et son gouvernement ont manifestement décidé d'agiter les vieux refrains des années 30 destinés à attiser la haine contre les étrangers", a-t-il ajouté.
"Il faut regarder les choses sur la distance, donc depuis 2002. Les réformes en matière de droits des étrangers, et celles qui sont encore à venir, montrent que cela devient un objet de focalisation de la part du gouvernement", a justifié le président d’honneur de la LDH. "Malheureusement en associant délinquance et émigration, il rejoint par là ceux qui, à droite, dans les années 30 tenaient ce type de discours", a-t-il affirmé.
"Il faut se donner les moyens"
"Nicolas Sarkozy nous a servi un lot de promesse. Il a suivi une politique qui était celle du tout répressif. Il ne s’agit pas de faire de l’angélisme. Il s’agit de se donner des moyens. Le recours systématique à la répression et aux forces de l’ordre, la suppression de la police de proximité : voilà le résultat de la politique de Nicolas S depuis 2002", a-t-il déploré.
Michel Tubiana estime qu’il faut restituer certaines grandes lignes de conduite. "C’est la politique dans la durée et dans son ensemble qui est en cause", jauge-t-il. Mais, ajoute-t-il, il faut savoir doser : "la répression quand c’est nécessaire, mais aussi rétablir les services publiques, rétablir une éducation nationale qui fonctionne, trouver les moyens de résorber ces poches invraisemblables du chômage qui monte parfois à 40% et 50% dans les quartiers".