S'il n'y pas davantage de contrôles au sein de Schengen, la France pourrait sortir de cet espace européen sans frontières. C'était en substance l'avertissement lancé par Nicolas Sarkozy dimanche lors de son grand meeting à Villepinte. Sans donner plus de détails sur les pays concernés par ce manque de vigilance, le président a laissé le soin à ses lieutenants de préciser les contours de cette réforme.
Alors que ce "protectionnisme" aux frontières semblait viser l'afflux de clandestins après le Printemps arabe, Claude Guéant, le ministre de l'Intérieur, a explicité la volonté de Nicolas Sarkozy en précisant qu'il y a "un grand point de faiblesse à la frontière entre la Turquie et la Grèce".
55.000 clandestins "par ce point" d'entrée
En marge d'un déplacement à Charleville-Mézières, le ministre de l'Intérieur a affirmé que "l'an dernier, 55.000 personnes sont venues de façon irrégulière en Europe par ce point" d'entrée dans l'UE, à la frontière turco-grecque.
"Il faut prévoir des clauses d'exceptions pour que nous puissions faire face à des situations de ce genre. Quand un pays n'accomplit pas tous ses devoirs, il faut que nous trouvions des correctifs, soit en appuyant ce pays, soit en exigeant (ces devoirs), soit en le sortant du système", a plaidé le ministre de l'Intérieur.
"C'est probablement plutôt 160.000"
De son côté, Nathalie Kosciusko-Morizet, la porte-parole du président-candidat, a également pointé lundi les défaillances de cette zone. "On sait qu'on a un problème à la frontière entre la Grèce et la Turquie", a-t-elle affirmé sur France Info.
"Les Grecs annoncent 55.000 clandestins qui passent tous les ans. C'est probablement plutôt 160.000", a souligné l'ancienne ministre de l'Ecologie, qui assure s'appuyer sur des "évaluations européennes".
L'UE négocie avec la Turquie
Reste que la proposition de Nicolas Sarkozy fait écho à une réforme déjà menée sans bruit au niveau européen après avoir été engagée à la demande de plusieurs pays, notamment la France, l'Italie et l'Allemagne, au printemps 2011. La France avait alors déploré l'arrivée massive de Tunisiens sur son territoire en provenance d'Italie.
La Grèce était déjà dans le viseur de l'Union européenne. Ses pairs critiquaient son incapacité à contrôler sa frontière terrestre avec la Turquie. Selon plusieurs pays européens, cette zone est le point d'entrée de quelque 200 clandestins par jour qui tenteraient ensuite de gagner d'autres pays de l'UE.
Concernant la Turquie, l’Union européenne tente de convaincre Ankara de signer un accord de réadmission des clandestins. En contrepartie, la Turquie réclame des facilités de visas pour ses ressortissants.