Le dossier SeaFrance s’invite devant la justice mercredi. Mais la situation de l’entreprise ne sera pas évoquée au tribunal de grande instance de Paris, ou alors indirectement. Car c’est Arnaud Montebourg qui devra se défendre. Le député socialiste de Saône-et-Loire a en effet été assigné par plusieurs membres de la direction de SeaFrance, qui lui reprochent des insultes relayés par la Voix du Nord après la visite de l’élu en novembre 2011.
"M. Montebourg a fait de l'extravagance son fonds de commerce"
"On parle souvent de patrons voyous, là il s'agit d'une entreprise publique, c'est curieux... On ne fera pas de miracle, mais on peut dire à la SNCF que s'ils sont incapables et qu'ils ont mis des escrocs à la tête de SeaFrance, ils vont l'aider à se relever", avait déclaré Arnaud Montebourg, selon le quotidien régional.
Se sentant offensés, le patron de SeaFrance, Pierre Fa, et les quatre autres membres du directoire ont assigné l'élu socialiste pour injure., il a cru bon après avoir visité durant une heure les représentants de la CFDT de faire une déclaration qui injurie la société et les membres de son directoire", a regretté M. Fa, qui assistait à l'audience au contraire de M. Montebourg.
Décision le 23 mai
"La situation de SeaFrance ne méritait pas cette extravagance. Je trouve ça lamentable", a-t-il conclu. La liquidation définitive de la dernière compagnie française à relier Calais et Douvres a été prononcée le 9 janvier, après plusieurs semaines d'incertitude. Et au fil des jours, la question de son avenir avait pris une tournure très politique.
L'avocat d'Arnaud Montebourg, Me Vincent Toledano, a alors mouché l'ancien patron en rappelant qu'il avait été "condamné à neuf mois de prison avec sursis et 40.000 euros d'amende" pour avoir "assisté au détournement de 305 millions d'euros de fonds publics" dans l'affaire Elf, dont il était directeur de l'audit. "M. Fa est un familier des caisses noires et il n'a jamais rien fait", a continué Me Toledano, considérant que son client disposait d'une "base factuelle largement suffisante" pour tenir de tels propos. Le tribunal rendra sa décision le 23 mai.