Ségolène Royal fâche la Belgique

Elio Di Rupo et Ségolène Royal en 2006. L'un est devenu depuis Premier ministre belge. L'autre lui a conseillé d'interdire le bizutage.
Elio Di Rupo et Ségolène Royal en 2006. L'un est devenu depuis Premier ministre belge. L'autre lui a conseillé d'interdire le bizutage. © REUTERS
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Rémi Duchemin, avec AFP , modifié à
Ségolène Royal a enjoint le plat pays à interdire le bizutage. Le Premier ministre lui a répondu.

Ségolène Royal perd rarement une occasion, quand l’actualité s’y prête, de rappeler ses actions passées. Et ce même si l’actualité en question ne concerne pas la France, mais la Belgique. La présidente de Poitou-Charentes a ainsi réclamé l’interdiction du bizutage, ou "baptêmes d’étudiants" en Belgique, après plusieurs incidents survenus à l’occasion de la rentrée universitaire outre-Quiévrain. Mais les autorités belges ont peu apprécié cette ingérence et l’ont fait savoir.

"Mettez le bizutage hors-la-loi". C’est en réagissant particulièrement au sort de Fanny que Ségolène Royal s’est exprimée. Cette jeune étudiante française a été victime, le 22 septembre à Liège, d’un œdème cérébral causé par l'absorption rapide de plusieurs litres d'eau, et n'était sortie du coma qu'au bout de deux jours. Se disant "bouleversée" par cette affaire, et "forte" de son expérience de ministre de l'Enseignement scolaire (1997-2000), celle qui a interdit le bizutage en France il y a 15 ans a écrit au Premier ministre belge. "Il ne suffit pas d'appeler les choses par leur nom, de mener d'actives campagnes de prévention et de dire le droit avec fermeté pour que disparaissent du jour au lendemain ces pratiques délictueuses", enjoignait-elle. "Légiférez pour mettre le bizutage hors la loi !"

Dès le 1er octobre, Ségolène Royal avait commenté l’affaire sur Twitter :

"Le baptême d’étudiants est un choix personnel". C’est via Twitter, au cours d’une opération baptisée #DemandeaElio, que le Premier ministre belge, Elio Di Rupo, a opposé mardi soir une fin de non-recevoir à Ségolène Royal. "Le baptême d'étudiant est un choix personnel", a-t-il écrit, avant tout de même de rejoindre sa contradictrice sur le fond. "On ne peut en aucun cas porter atteinte à l'intégrité physique des étudiants". Mais il a ensuite précisé : "nous avons des lois pour sanctionner les débordements". Comprendre : inutile de légiférer encore.

"Quelle vision simpliste !" Le recteur de l'Université de Liège s’est lui montré moins diplomatique. "Bigre ! Comme vous y allez ! Et quelle vision simpliste du problème", a écrit sur Twitter Bernard Rentier.

"Je suppose qu'en (voulant faire) interdire les baptêmes, qu'on tend à confondre avec des ‘bizutages’, (Ségolène Royal) n'a pas réalisé qu'elle créait une prohibition, meilleur moyen de rendre clandestine une activité qui peut, normalement, être adéquatement encadrée", a développé sur son blog Bernard Rentier. "Une intervention du Premier ministre n'est pas nécessaire, et il n'est nullement souhaitable de légiférer. Il y a suffisamment de lois en Belgique pour réprimer de tels comportements erratiques. D'autres mesures, moins répressives et plus éducatives, sont susceptibles de réduire ces débordements incontrôlés", a-t-il ajouté.