"Les résultats de ce soir sont la conséquence d'une trahison politique". Ségolène Royal a annoncé dimanche soir, peu avant 20h, sa défaite aux législatives. Candidate dans la première circonscription de Charente-Maritime, elle s'incline largement face à son rival Olivier Falorni, ex-socialiste qui se présentait en candidat dissident, par 37% des voix contre 63. L'ancienne candidate à la présidentielle ne sera donc pas députée en 2012. Un coup dur pour cette figure du Parti socialiste, qui ne cachait pas son intention de briguer le poste de présidente de l'Assemblée nationale.
"C'est un député de droite qui est élu", a déclaré la socialiste, soutenant que son rival est élu avec 75% de voix d'électeurs de droite. Le maire de La Rochelle, Maxime Bono, qui a introduit le discours de Ségolène Royal, a même, lui, parlé de "honte" au sujet du dissident socialiste.
"Je remercie tous les Charentais-Maritimes qui m'ont apporté leurs suffrages et je regrette de ne pas leur donner une belle victoire, qui était possible pour la gauche dès le 1er tour s'il n'y avait pas eu de dissident", a souligné la candidate déchue.
"Je crois qu'il faut retrouver de la dignité dans le débat public. Il y a eu un vote, il faut le respecter. Je comprends la déception de Ségolène Royal, mais je pense qu'il ne faut plus utiliser le terme de trahison. Cela salit les électeurs qui m'ont fait confiance", a rétorqué dans la foulée Olivier Falorni.
Le feuilleton de la campagne
Dès le lendemain des résultats du premier tour, Olivier Falorni avait annoncé qu'il décidait de se maintenir dans la course. Ce fut le premier épisode du feuilleton le plus médiatisé et mouvementé de cette dernière semaine de campagne.
Interrogé lundi matin sur Europe1, le candidat dissident attaque alors le premier. "Mme Royal veut se faire nommer député. Elle a fait annuler les primaires socialistes. Si elles avaient eu lieu, peut-être que nous n’en serions pas là. Et maintenant, elle veut être candidate unique au deuxième tour. Ça, c’était du temps de l’URSS, pas dans la France du 21e siècle".
La Première secrétaire du PS Martine Aubry appelle alors immédiatement Olivier Falorni à retirer sa candidature, arguant qu'un "candidat de gauche ne doit pas se faire élire avec des voix de droite", craignant déjà que les électeurs de droite de la circonscription, non représentés au second tour, fassent barrage à Ségolène Royal.
Le lendemain, toute la gauche parisienne se mobilise autour de l'ex candidate à la présidentielle. Martine Aubry et la secrétaire nationale d'Europe-Ecologie-Les Verts Cécile Duflot se déplacent à la Rochelle pour afficher leur soutien. Et le président François Hollande lui même écrit un mot pour lui témoigner son "appui".
Mais tout ça intervient juste avant le "drame", le "psychodrame" même, comme le qualifieront les médias. Valérie Trierweiler vient entacher l'unité affichée par les socialistes, alors même que Cécile Duflot et Martine Aubry sont encore à la Rochelle. "Courage à Olivier Falorni qui n'a pas démérité, qui se bat aux côtés des rochelais depuis tant d'années dans un engagement désintéressé", écrit la Première dame de France dans un tweet qui va enflammer les sphères médiatique et politique.
Royal à la tête du PS ?
Mercredi lors d'un meeting, Ségolène Royal, ex-compagne de François Hollande, se dit "meurtrie". Le PS et le gouvernement tentent de minimiser l'affaire et appellent à se concentrer sur la campagne. François Hollande n'en dira pas un mot.
"Je pense que ça n'a pas arrangé les choses, pourrais-je dire pudiquement", commentera à ce sujet la candidate, dimanche après sa défaite.
Le dernier acte du feuilleton intervient jeudi soir, lorsque Ségolène Royal découvre à son domicile de La Rochelle une affiche en faveur de son rival Olivier Falorni. La candidate dépose plainte vendredi, son rival se contente de moquer ce nouveau "Watergate".
Quel avenir pour l'ex-candidate à la présidentielle après sa défaite ? La présidente de la Région Poitou-Charentes a assuré qu'elle gardait "intacte" sa "volonté de servir" son territoire. Et de préciser qu'elle entendait "continuer à peser sur les choix de la politique nationale". Mardi dernier, elle avait déclaré que même battue, elle n'arrêtera pas la politique.
"Je veux vous dire que Ségolène Royal, la belle, la rebelle, aura sa place à La Rochelle", a quant à lui déclaré Maxime Bono, le maire de la Rochelle.
Interrogée sur la possibilité de briguer la tête du PS à l'automne, la candidate déchue a affirmé dimanche à La Rochelle qu'elle n'"excluait rien" et "réfléchit à toutes les possibilités" lui permettant de "se mettre au service du pays".