"Vous pourrez faire des feux de bois, des petites flambées de Noël, rassurez-vous". Le ton est compréhensif, presque maternel. Mardi matin, sur France 2, Ségolène Royal a de nouveau fait ce qu'elle fait peut-être le mieux : parler aux Français de leur vie quotidienne.
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En l'occurrence, il s'agissait d'un arrêté préfectoral limitant les feux de bois en Ile-de-France et les interdisant totalement dans Paris intra-muros. La nouvelle règle devait entrer en vigueur le 1er janvier prochain, afin de lutter contre la pollution. Une interdiction jugée "ridicule" par la ministre de l'Ecologie, qui craint que cela ne "décrédibilise toute la filière de chauffage au bois", qu'elle veut "encourager". "Que les Français se rassurent, je vais faire changer cette décision qui ne va pas dans le bon sens", a-t-elle assuré.
Réductions d'impôt et tarifs d'EDF. Depuis qu'elle a été nommée ministre, en avril dernier, Ségolène Royal en a fait un fil rouge : s'exprimer quasi-uniquement sur des sujets du quotidien. Car son intervention sur les feux de cheminée succède à d'autres sorties du même acabit. Ainsi, en juillet dernier, alors qu'elle présente son projet de loi sur la transition énergétique, la ministre insiste surtout sur les réductions d'impôt prévues par le texte. Autre sujet très concret sur lequel Ségolène Royal est en pointe : les tarifs de l'électricité. Fin novembre, elle appelle EDF à revoir son "train de vie" plutôt que d'augmenter les factures des clients.
L'écologie, pas une punition. "Elle dit une chose pour en dire une autre. Au fond, son message, c'est que l'écologie n'est pas une punition", analyse l'historien Christian Delporte, spécialiste de l'image et de la communication politique, contacté par Europe 1. "Son discours se situe toujours sur le plan du bon sens, et ça marche".
"Ancrer la politique dans la vie quotidienne des gens, c'est une ligne constante de son engagement", renchérit le député socialiste Guillaume Garot. "Et en même temps, la politique ne se réduit pas au quotidien. Elle le sait, elle a aussi une vision globale. Et elle ne cherche qu'une chose : faire réussir le quinquennat", jure ce soutien actif de Ségolène Royal.
Recadrée plusieurs fois. Faire réussir le quinquennat ? Parfois, la ministre sème pourtant le trouble au sein du gouvernement. Comme en octobre, lorsqu'elle propose de compenser l'abandon de l'écotaxe en faisant payer les camions étrangers. Une solution proscrite par le droit européen, lui rappelle aussitôt son collègue Michel Sapin. Dans le même temps, toujours après l'enterrement de l'écotaxe, elle se met en tête de contester la constitutionnalité du contrat passé avec le prestataire Ecomouv'. Son but : éviter à l'Etat, et donc au contribuable, le paiement d'un milliard d'euros de pénalités. Ségolène Royal devra finalement mettre de l'eau dans son vin, le gouvernement privilégiant désormais une solution à l'amiable.
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Parfois, la ministre flirte carrément avec la sortie de route. Le 14 octobre dernier, elle met sur la table l'hypothèse d'une gratuité des autoroutes le week-end... Immédiatement recadrée par Manuel Valls, Royal plie, mais ne rompt pas. "J'ai la liberté de faire des propositions", se justifie-t-elle.
Elle s'adresse aux classes populaires. Est-ce ce "parler vrai" qui sert sa popularité ? Ségolène Royal est la mieux classée du gouvernement dans le dernier baromètre TNS Sofres pour Le Figaro Magazine, derrière Manuel Valls. "Au PS, c'est l'une des rares qui s'adressent aux catégories populaires", explique Christian Delporte. Un talent précieux, alors que cet électorat se tourne massivement vers l'abstention ou le vote FN.
Feux de cheminée : une fois de plus, c'est @RoyalSegolene qui a la première réaction sensée sur le sujet— Guillaume Tabard ن (@GTabard) December 9, 2014
"Les gens l'appellent 'Ségolène'". Le coin du feu, les autoroutes, le prix de l'électricité… "Elle veut faire de l'écologie quelque chose de concret. Elle ne reste jamais dans l'abstraction", confie une proche de la ministre à Europe 1. "Elle a toujours été comme ça, et c'est pour cela qu'elle est indestructible. Les gens l'appellent 'Ségolène'. Et qu'ils disent 'Ségolène, elle nous emmerde' ou 'Ségolène, elle est balèze', ils sont au fond très attachés à elle. Elle fait partie de leur histoire". Ségolène Royal, la femme politique au foyer ?
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