Ségolène Royal, c’est avant tout des superlatifs, des exclamations et des onomatopées : "Waouuuu, qu’est-ce qu’elle est belle !" "Elle est bien maquillée en plus !" "Oui, et elle fait plus jeune qu’à la télé". "Sa coiffure est géniale !". Une conversation comme il y en a eu des centaines sur le passage de la candidate socialiste à la présidentielle de 2007 lors du salon de l’Agriculture, jeudi. Mais pas seulement. Car Ségolène Royal, on l’adore… ou on la déteste. Mais tout le monde a un avis sur celle qui n’est certes pas en campagne pour les municipales, mais pourrait l’être pour un ministère en cas de remaniement.
>> Europe1.fr a suivi la socialiste comme son ombre. En n’oubliant pas de tendre l’oreille sur son passage. Et on n’a pas été déçu.
Comme tout bon politique, c’est au pavillon des bovins que la promenade a commencé. Tâter le cul des vaches, "à la Chirac", un passage obligé. C’est là qu’on a rencontré Elise, retraitée et "ségoléniste" passionnée : "on l’aime bien Ségolène, on aimerait la voir plus souvent ! Elle est quand même mieux que Julie Gayet ! Pareil pour l’autre là, Valérie… Valérie… Trierweiler ou je sais plus trop quoi…" Heureuse qui comme Elise a croisé sa "star préférée".
"Arrêtez avec votre Ségolène ! Elle est cuite et recuite !"
Après une rapide halte au stand du beurre poitevin, c’est - évidemment - sur le stand des Parthenaises que la "Dame de Poitou" s’éternise le plus. La foule se masse et "Fainéant" s’agace, bouscule même une photographe. Ségolène Royal intervient alors, caresse la croupe du taureau, qui replonge le museau dans son auge. "Une femme de poigne", se marre un des éleveurs, avant que la caravane ségolèniste ne reparte, et au pas de charge s’il-vous-plaît, car l’ancienne ministre a un programme chargé : serrer la main de tous les Poitevins du coin.
Direction l’étage des régions, donc. Là, en grande pro, elle n’oubliera personne. Au stand des agneaux (de Poitou-Charentes, vous l’avez compris), Ségolène remet des trophées, serre des mains, claque des bises. Les curieux le sont de plus en plus. Devant les moutons (de Poitou-Charentes, message reçu ?), un jeune éleveur, entendant une quadra nous vanter les mérites de Ségolène Royal, intervient sèchement : "arrêtez avec votre Ségolène ! Elle est cuite et recuite !" La solution, alors ? "On n’est pas socialiste en tout cas nous ! On est de droite nous monsieur, et on en est fier !", lance-t-il, bravache.
"Si elle se représente en 2017, elle aura ma voix !"
Si "la femme Ségolène" est appréciée, la "politique Royal" ne fait pas l’unanimité. "Quel succès ! Il y a un lien intact entre les Français et Ségolène. Depuis 2007, ils ne l’ont pas oubliée. C’est une femme qu’on n’oublie pas…", se félicite pourtant Guillaume Garot, ministre délégué à l'Agroalimentaire, interrogé par Europe1.fr. Oui, l’accueil est chaleureux monsieur le ministre. On conseille toutefois à cet intime de l’ancienne candidate de tendre un peu plus l’oreille.
Sur le sujet d’une éventuelle entrée au gouvernement en cas de remaniement - "c’est dingue, ça vous obsède", rit-elle quand on a osé lui poser la question - les avis divergent. "Il faut qu’elle y aille. A quel poste ? On s’en fout !", estime par exemple Elise, suivie par Marie-Noëlle : "c’est une femme avec de l’éducation, des valeurs, il faut qu’elle entre au gouvernement. Et si elle se représente en 2017, elle aura ma voix !" D’autres sont plus circonspects, comme Pierre, venu représenter son lycée agricole, qui se contente d’un "pourquoi pas ? Elle avait été une très bonne ministre de la famille". Pascal, producteur de Cognac, juge quant à lui qu'"elle fait du bon boulot à la région. Je préférerais qu’elle y reste plutôt que de la voir au gouvernement."
"Même le François n’en veut plus, il préfère les jeunes"
Il y enfin ceux qui ne veulent pas entendre parler d’elle. Pas du tout même. C’est le cas de Dominique, qui élevait des Charolaises, et a discuté longuement avec la patronne de la région Poitou-Charentes de son choix de se convertir aux Parthenaises. "Elle a une bonne image chez nous. Par contre, j’ai lu qu’on parlait d’elle au ministère de l’Intérieur, et là, je suis beaucoup moins convaincu…" Il n’est pas le seul. "Gâche pas ta pellicule pour elle ! Elle ne le mérite pas. Même le François n’en veut plus, il préfère les jeunes", s’agace un visiteur, béret basque sur le casque, au passage de la meute de journalistes.
Gérard, architecte à la retraite et visiteur de passage, connaît Ségolène Royal "pour avoir beaucoup grenouillé dans les couloirs de l’Assemblée nationale, il y a une trentaine d’années. Elle était très aimable. Mais la voir au gouvernement, ça c’est niet ! Pour y faire quoi ? Ministre des Bons mots, comme Valls ? Soyons sérieux ! Ségolène, c’est une star, rien de plus". Donc en 2017, comme en 2012, il votera blanc car "droite ou gauche, c’est la même chose".
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