Au Sénat, les coups de théâtre restent toujours possibles. Dimanche, la gauche a obtenu, avec 177 sièges sur 348, une majorité absolue à la Chambre haute. Mais, même dans ce cas, le rapport de forces ne sera définitivement établi qu'à l'élection du président, le 1er octobre prochain. "C'est une élection de relation personnelle, où les logiques apparaissent illogiques. Les délégués sénatoriaux ne votent pas que selon leur étiquette politique, leur vote reflète un état d'esprit, une alchimie personnelle", reconnaît d'ailleurs un élu du sérail. En attendant samedi, trois candidats s'activent, en coulisses, pour s'emparer du "plateau". Voici leurs portraits express :
Jean-Pierre Bel, le favori - Théoriquement, c'est lui qui devrait succéder à Gérard Larcher, à la tête du Sénat. Sénateur de l'Ariège totalement inconnu du grand public, il pourrait ainsi devenir l'un des plus hauts personnages de la République. "Lorsqu'on regarde les dix-sept présidents du Sénat, à peine un ou deux étaient véritablement connus. Je ne nourris donc aucun complexe", assure celui qui dirige le groupe PS de la Chambre depuis 2004. Elu en 1983 maire de Mijanes, village des Pyrénées, il fût nommé, en 1986, au cabinet du conseil général de l'Ariège alors présidé par son beau-père, Robert Naudi, personnalité socialiste locale. Mais c'est la rencontre, la même année, avec Lionel Jospin qui fait décoller sa carrière politique hors du département. Lors de la campagne présidentielle de 2007 il a élaboré le projet PS de réforme des institutions.
Gérard Larcher, le président sortant - Le sénateur UMP Gérard Larcher, 61 ans, a également annoncé qu'il était candidat à sa propre succession, malgré la victoire inédite de la gauche."La majorité sénatoriale, celle d'hier, n'avait pas les contours de la majorité présidentielle. Celle d'aujourd'hui a-t-elle celle du Parti socialiste ?", a-t-il interrogé avant de lancer comme un défit : "Elle reste à construire". Depuis plusieurs semaines, ce gaulliste convaincu avait exprimé sa confiance dans le maintien du Sénat à droite. Vétérinaire de campagne pendant 14 ans, Gérard Larcher est également maire UMP de Rambouillet depuis 1983 et fût ministre du Travail de 2004 à 2007. Rentré au RPR en 1976, il fût longtemps proche de Charles Pasqua.
Catherine Tasca, la challengeuse - L'ancienne ministre socialiste Catherine Tasca, 69 ans, qui a été réélue dimanche sénatrice des Yvelines. Elue sénatrice des Yvelines en 2004, cette énarque s'est notamment distinguée en soutenant le projet de loi Hadopi sur le téléchargement illégal en 2009, alors que ses collègues socialistes s'y étaient opposés. Auparavant députée des Yvelines depuis 1997, elle a notamment fait partie du gouvernement de Lionel Jospin comme ministre de la Culture et de la Communication de 2000 à 2002. Elle a confirmé, lundi, être candidate à la présidence du Sénat, tout en expliquant qu'elle se soumettrait à la décision du groupe socialiste, qui doit se réunir mardi sur la question.