Sodas : un député se sent dépouillé

Le député Bernard Reynès pensait avoir convaincu le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire. Mais si sa taxe va être adoptée, c'est pour un tout autre projet que le soutien à la filière agricole.
Le député Bernard Reynès pensait avoir convaincu le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire. Mais si sa taxe va être adoptée, c'est pour un tout autre projet que le soutien à la filière agricole. © MAXPPP
  • Copié
, modifié à
Bernard Reynès préparait une taxe similaire, mais au bénéfice de l’agriculture et non de la dette.

S'il y a un élu agacé par plan de rigueur annoncé mercredi soir par le Premier ministre, c'est Bernard Reynès, député UMP des Bouches-du-Rhône. Il n’est pas opposé à la lutte contre les déficits, loin de là, mais il a l’impression d’avoir été victime de la priorité du moment, les déficits, au détriment de son cheval de bataille, l’agriculture.

Parmi ses annonces, François Fillon a dévoilé une taxe sur sodas, dont le taux n'a pas été communiqué mais qui devrait générer 100 millions de recettes supplémentaires pour la sécurité sociale et entrera en vigueur le 1er janvier 2012. Problème : le député Reynès avait proposé mi-juillet la même taxe afin d’abaisser le coût du travail dans le monde agricole.

Il voulait aussi taxer les sodas

Chargé de travailler sur la crise du secteur agricole, Bernard Reynès a rédigé un rapport qui se concentre sur le coût de la main-d’œuvre. "J’ai créé un groupe de travail avec Gilles Carrez et d’autres députés, c’est un an de boulot, 300 auditions de fond", explique-t-il à Europe1.fr

La main d’œuvre agricole française est plus chère qu’en Espagne ou en Allemagne, il faut donc trouver un moyen d’en abaisser le coût. Pour compenser, Bernard Reynès a une idée : augmenter la TVA sur les sodas, qui bénéficient du même taux réduit que les fruits et légumes.

"Les boissons sucrées gazeuses ne sont pas des produits alimentaires. Je n’ai jamais vu du Coca pousser dans les arbres, il ne doit donc pas bénéficier de la TVA à 5,5%. Ce taux de TVA est scandaleux, c’est une aberration", argumente-t-il.

"Je prends très, très mal qu’on m’ait piqué mon idée"

"J’ai rencontré le Premier ministre avec le ministre de l’Agriculture et lui ai exposé ma proposition, il m’a écouté", poursuit Bernard Reynès, dont le site internet précise que Bruno Le Maire y a vu "un très bon rapport" et doit en parler à François Fillon. Mercredi soir, c’est une victoire amère : le Premier ministre propose de taxer les sodas, mais dans un tout autre but.

"Je prends très, très mal qu’on m’ait piqué mon idée pour l’affecter à d’autres recettes", fustige le député, qui considère que ses propositions ont été "détournées". "Je ne veux pas qu’on me prenne mes recettes pour les affecter à d’autres objectifs. Pourquoi pas taxer les barres chocolatées et les chips ?", poursuit Bernard Reynès.

"Je vais aller jusqu’au bout"

Malgré l’annonce de François Fillon, le député compte déposer un projet de loi, d’autant que "la filière agricole est en crise" et que "le Premier ministre s’était engagé sur la question lors des dernières Assises de la FNSEA".

"J’ai fait un rapport qui a le soutien de l’ensemble du monde agricole et doit bientôt déposer un amendement, avant d’aller défendre cette mesure à Bruxelles", assure-t-il, avant de prévenir : "j’ai le soutien du ministre de l’Agriculture Bruno Le Maire, je vais aller jusqu’au bout".