A dix jours du second tour de l'élection présidentielle, Dominique Strauss-Kahn sort de son silence. L'ancien directeur général du FMI est revenu dans une interview au Guardian sur son destin brisé, de candidat à l'élection présidentielle.
"J'avais prévu d'annoncer officiellement ma candidature le 15 juin et je n'avais aucun doute sur le fait que j'aurais été le candidat du Parti socialiste", confie DSK au journaliste américain Edward J. Epstein, venu l'interviewer le 13 avril au Pavillon de la Reine, un hôtel de luxe parisien.
"Je ne croyais pas qu'ils iraient aussi loin"
Sans qualifier sa rencontre avec Nafissatou Diallo de "piège", l'ancien directeur général du FMI soutient que l'escalade suivante est imputable à "ceux qui ont un agenda politique". Pour lui, cette affaire est "plus qu'une simple coïncidence".
Dominique Strauss-Kahn cible ouvertement Nicolas Sarkozy et les soutiers de l'UMP. "Peut-être que j'étais politiquement naïf, mais je ne croyais tout simplement pas qu'ils iraient aussi loin. Je ne pensais pas qu'ils pouvaient trouver quoi que ce soit pour m'arrêter", conclut DSK.
"DSK était sous surveillance"
L'ancien favori à l'élection présidentielle émet par ailleurs quelques soupçons sur une possible surveillance des services français. C'est ce qu'a expliqué à Libération Edward J. Epstein, le journaliste qui l'a interviewé. "Il m’a confié qu’il avait lui même décidé quelque temps avant l’affaire du Sofitel de faire encrypter ses sept téléphones afin de les protéger d'éventuelles écoutes. Mais il avait dû faire tout enlever car les téléphones ne marchaient pas correctement et il ne pouvait pas appeler".
Epstein, dont le livre sur l'affaire du Sofitel sort lundi sur Internet, en est sûr : "DSK était sous surveillance déjà depuis plusieurs semaines". Les services français "surveillaient ses faits et gestes, ils savaient ce qu’il lui est arrivé au Sofitel, parce qu’ils avaient forcément quelqu’un de l’hôtel qui les informait".
Pas de "preuve formelle"
Toutefois, le journaliste américain admet ne pas avoir de "preuve formelle" de ce qu'il avance, bien qu'on lui ait parlé "d’un transcript dont disposeraient les services français quant à une conversation le 12 mai à l’hôtel W de Washington entre DSK et le commissaire Jean-Christophe Lagarde". Mais, explique Epstein, "ce transcript, je ne l’ai pas vu moi-même".
"C'est complètement absurde, je n'ai rien d'autre à dire", a simplement réagi Douglas Widgor, l'un des avocats de Nafissatou Diallo à l'évocation d'une possible manipulation de la femme de chambre par les opposants politiques de DSK.