En matière de sondage, cela faisait un petit moment que l’UMP espérait cela. Mardi, pour la première fois depuis le début de la campagne présidentielle, un sondage donne Nicolas Sarkozy en tête du premier tour. Selon cette étude Ifop-Fiducial pour Europe 1-Paris Match-Public Sénat, le président sortant recueille 28,5% d’intentions de vote, contre 27% pour son adversaire socialiste. Cette nouvelle donne, qui nécessitera d’être validé par d’autres études à venir, s’explique aussi par la performance de deux autres candidats : l’érosion de marine Le Pen et la montée en puissance de Jean-Luc Mélenchon.
"Stratégie de droitisation validée"
Car s’il est trop tôt pour évaluer la portée du méga-meeting de Nicolas Sarkozy dimanche à Villepinte, on peut en revanche conclure à un certain succès du choix de son positionnement. "La stratégie de droitisation de Nicolas Sarkozy est validée", juge Frédéric Dabi, directeur général adjoint, interrogé par Europe 1. "Le président sortant prend surtout sur Marine Le Pen qui avec 16% voit son espace électoral extrêmement réduit. C’est son score le plus faible", rappelle-t-il. Depuis le premier baromètre de mi-janvier, Marine Le Pen a perdu quatre points d’intentions de vote.
Et le mal semble profond pour la candidate frontiste. "Elle ne parvient plus à prendre des électeurs de Sarkozy en 2007 quand dans le même temps Nicolas Sarkozy prend un nombre croissant d’électeurs ayant voté Front national en 2007 ou tenté par un vote Front national", précise le sondeur.
"Un effet Mélenchon"
La baisse de François Hollande relève du même principe des vases communicants, mais inversé. Et c’est Jean-Luc Mélenchon qui joue le rôle de siphon. Pour la première fois, le candidat du Front de gauche affiche un score à deux chiffres (10%). "C’est vrai qu’il y a un effet Mélenchon, qui bénéficie d’une dynamique et qui pour la première fois prend un nombre non-négligeable d’électeurs socialiste", analyse Frédéric Dabi.
Cela dit, cette érosion du candidat PS est à relativiser. D’abord parce que la baisse n’est que d’un point par rapport à la mi-janvier, quand Nicolas Sarkozy n’était pas encore candidat. En outre, "François Hollande reste à un niveau élevé, puisqu’on a une gauche relativement éclatée, alors qu’on a une offre électorale extrêmement réduite à droite", rappelle l’expert de l’Ifop. Et finalement, estime-t-il, "ce sondage met fin à une exception observée depuis le début de cette campagne présidentielle. Jamais on n’avait vu dans l’histoire de la Ve République un président sortant devancé au premier tour. On revient à une certaine norme."
Surtout, au second tour, François Hollande reste largement le favori, avec 54,5% d’intentions de vote contre 45,5 à son rival. "L’inversion forte symboliquement et psychologiquement ne se répercute pas sur le second tour", confirme Frédéric Dabi. "On a toujours une avance très nette en faveur de François Hollande, qui bénéficie toujours de bon report pour François Bayrou et de report non-négligeable dans l’électorat de Marine Le Pen", avance-t-il.