Pour la première fois dans les sondages, Nicolas Sarkozy est en tête des intentions de vote au premier tour (28,5% contre 27% pour François Hollande) selon le baromètre Ifop Fiducial pour Europe 1-Paris Match-Public Sénat, rendu public mardi. Bien que le candidat socialiste soit toujours très loin devant au second tour (54,5 contre 45,5% pour Sarkozy), ce premier croisement des courbes a fait réagir les états majors politiques.
Pour Sarkozy, ce n’est que "de l’écume"
Après la publication du sondage, Nicolas Sarkozy s'est gardé de tout triomphalisme. "Rien n'est joué, rien n'est fait", a-t-il déclaré en marge d'un déplacement en Ille-et-Vilaine. Pour le président-candidat, ce frémissement dans les sondages ne change rien . "Je faisais campagne avant, je ferai campagne après (...), que chacun dise ce qu'il fera pour les cinq années qui viennent et les Français décideront", a-t-il ajouté, tout en reconnaissant qu’il y a un "vrai appétit pour les vraies idées".
Minimisant cette première "prise de pouvoir" dans les sondages, le président-candidat n'a pas boudé pas son plaisir. "C'est vrai que c'est mieux quand ça va bien que quand ça va moins bien", a concédé Nicolas Sarkozy. "Je ne vous croyais pas quand vous disiez que c'était fini et je ne vous crois pas davantage quand vous me dites que c'est relancé", a-t-il conclu, "ce n'est que de l'écume".
Même ligne adoptée par le numéro un de l'UMP, Jean-François Copé qui s'est refusé à toute suffisance. "J'ai été constant dans ce domaine. Je demande à l'ensemble de mes amis de l'UMP comme à l'ensemble des Françaises et des Français qui sont engagés aux côtés de Nicolas Sarkozy de ne pas lire ces sondages, de ne pas en tenir compte", a-t-il déclaré au Talk Orange-Le Figaro. "Quand ils sont mauvais, ça déprime, quand ils sont bons, ça anesthésie", a ajouté Jean-François Copé.
Buisson : Hollande est "le gestionnaire pusillanime"
Les sondages ont-ils une influence dans la façon de faire campagne ? Patrick Buisson, le conseiller du président-candidat de l'UMP, y croit fermement. Selon lui, François Hollande "va devoir prendre des risques" a-t-il estimé. "Avec le croisement des courbes du premier tour, François Hollande ne peut plus se comporter en gestionnaire pusillanime d'une rente virtuelle. Ce n'est peut-être pas l'exercice où il est le meilleur", a-t-il ajouté dans une interview au journal Le Monde datée de mercredi.
Hollande : ne pas se laisser "impressionner"
Du côté du PS, pas question de se laisser intimider par ce nouveau sondage. Le candidat socialiste, François Hollande, a lui même appelé, mardi à Valence, ses électeurs à ne pas se laisser "impressionner" : "ni par le déferlement des moyens de l'argent, ni par le cortège des images ou l'accumulation des sondages", a-t-il ajouté lors de son meeting en plein air. Même si ce sondage "ne me serait pas aussi favorable que les autres" (...), ce qui compte pour moi, ce n'est pas des sondages (...), c'est le vote des Français", a-t-il souligné.
Même si pour le candidat socialiste, ce sondage ne change pas profondément la façon de faire campagne, François Hollande a insisté sur le rassemblement à gauche dès le premier tour. "Nous devons nous rassembler dès le premier tour (...) C'est au premier tour que la dynamique se crée, que l'écart se fait. C'est le premier tour qui fait le second. Le second confirme le premier tour", a-t-il insisté. Un appel implicite en direction de l'électorat de Jean-Luc Mélenchon, le candidat du Front de Gauche.
Mais Pierre Moscovici, son lieutenant et directeur de campagne le reconnaît : "la campagne va se jouer sur la mobilisation, sur le terrain (...) il va nous falloir juguler l'abstention et éviter la dispersion".