L’impopularité de François Hollande bat des records. La classe politique en parle, parfois beaucoup. Il y a pourtant un lieu où le sujet n’a pas droit de cité, c’est l’Elysée. Les sondages sont presque devenus tabou au palais présidentiel. Par exemple, le week-end dernier, Najat Vallaud-Belkacem souhaitait savoir comme le président de la République vivait la situation. La porte-parole du gouvernement, ministre du Droit des femmes s’est adressé à un conseiller présidentiel et pas au principal intéressé. C’est que l’idée de poser directement la question au chef de l’Etat est devenu inenvisageable, même pour une ministre.
On n’en parle pas. Son impopularité, François Hollande n’en parle pas. Et si elle le touche, il n’en montre rien. La dernière fois qu’il a ouvertement abordé le sujet, c’était lors d'une réunion sur la Syrie avec les ministres Manuel Valls, de l’Intérieur, et Jean-Yves Le Drian, de la Défense. Et le chef de l’Etat avait été on ne peut plus clair. Il avait alors expliqué qu’il ne voulait pas prendre en compte la mauvaise humeur du pays sur le sujet et qu’il préférait réagir pour défendre ses valeurs sur les attaques chimiques plutôt que de chercher une embellie passagère dans l’opinion.
Une posture... Cela dit, cette attitude de François Hollande vis-à-vis des sondages n’est pas nouvelle. Soucieux de rompre avec son prédécesseur Nicolas Sarkozy, très gourmand en études statistiques, le nouveau chef de l’Etat a mis fin aux commandes de sondages via l’Elysée. Du coup, il ne reçoit personnellement que les résultats d’un seul institut à l’Elysée. Les autres sont consultés par ses conseillers. Avec cette posture, le président s’est privé d’un outil bien utile pour cerner les raisons de la colère.
…Qui le coupe des aspirations des Français. Sur le dernier sondage Ifop, par exemple, il y a ce que les chiffres publiés dans la presse ne disent pas, ce que les Français reprochent à leur président. Très haut dans les griefs, se trouve ainsi sa méthode sur l’opération syrienne, mais aussi une complainte sur l’air de ‘occupez-vous des Français’. Il y a aussi ce dont les Français ne parlent pas, en particulier son intervention à la télé sur TF1, qui n’est jamais évoquée. La parole présidentielle n’a donc ni rassuré, ni agacé, elle s’est évaporée.
Des élus PS inquiets. Si François Hollande peut se rassurer en se disant qu’il a encore près de quatre années pour retourner l’opinion, la situation est bien différente pour les élus du Parti socialiste, qui voient les municipales de mars 2014 arriver à grands pas. Eux vivent l’impopularité de la gauche au pouvoir sur le terrain et craignent un divorce avec les Français. Le chef de l’Etat a encore reçu une quinzaine de députés mardi dernier pour rassurer sur la méthode et les perspectives de reprise. Alors pendant que le président décroche et semble se faire une raison pour lui-même, eux sont priés de tenir leurs bastions et d’amortir le choc des municipales