Suu Kyi reçue comme une chef d'Etat

Aung San Suu Kyi quittera Paris vendredi matin pour regagner la Birmanie.
Aung San Suu Kyi quittera Paris vendredi matin pour regagner la Birmanie. © REUTERS
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William Galibert et Charles Carrasco avec AFP , modifié à
L'opposante boucle sa tournée européenne par la France où elle sera reçue par François Hollande.

Aung San Suu Kyi, c'est la "rock star" politique de ce début d'année. L'opposante birmane est attendue mardi à Paris, dernière étape d'une triomphale tournée européenne. Elle sera reçue par le président François Hollande et célébrée pendant trois jours à l'égal d'un chef d'Etat.

"A l'occasion de cette visite, dernière étape de son premier déplacement en Europe depuis près de 25 ans, la France rendra hommage au combat mené par cette femme exceptionnelle en faveur des droits de l'Homme, et marquera son appui actif au processus de transition démocratique en cours en Birmanie", a déclaré lundi le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valero, lors d'un point de presse. Aung San Suu Kyi quittera Paris vendredi matin pour regagner la Birmanie.

Un dîner à l'Elysée

François Hollande

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La France déroule le tapis rouge pour cette visite de l'icône de la démocratie birmane, qui sera accueillie suivant un protocole habituellement réservé aux chefs d'Etat. La Dame de Rangoun sera reçue par le président de la République, les chefs de l'Assemblée nationale et du Sénat, et le maire de la capitale, Bertrand Delanoë.

Aung San Suu Kyi, qui doit arriver à Paris mardi après-midi à sa descente du train, en provenance de Londres, sera accueillie peu avant 15 heures par le ministre délégué au Développement, Pascal Canfin. François Hollande la recevra à 18 heures pour un entretien, qui sera suivi d'une conférence de presse, avant un dîner à l'Elysée.

Un arbre de la liberté au Quai d'Orsay

Laurent Fabius

La présidente de la Ligue nationale pour la démocratie, prix Nobel de la paix, sera faite mercredi "citoyenne d'honneur de la Ville de Paris", puis sera reçue par le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. L'opposante et le ministre planteront un "arbre de la liberté" dans les jardins du Quai d'Orsay, avant un dîner en l'honneur de la Dame de Rangoun.

François Zimeray est l'ambassadeur français aux droits de l'homme. Il a rencontré l'opposante birmane juste après sa libération en novembre 2010. "C'est une femme très fragile comme les petites fleurs qu'elle porte dans sa coiffure et dont les pétales tombent sur les épaules de temps en temps. Et c'est en même temps une très grande dame. C'est une impression presque intimidante au début mais elle vous met tout de suite à l'aise", raconte ce diplomate au micro d'Europe 1. Selon lui,  Aung San Suu Kyi a "la volonté aujourd'hui de jouer un rôle efficace, effectif dans la vie politique de son pays. Et pour ça, de se frotter à des réalités dont elle a été privée pendant tant d'années".

Une conférence-débat à la Sorbonne

Outre ses rencontres avec les présidents des deux chambres du Parlement, Aung San Suu Kyi assistera à une conférence-débat avec des étudiants à La Sorbonne. Elle rencontrera également les représentants d'ONG françaises.

"La France est un symbole dans le cœur des Birmans, ça reste le pays des droits de l'Homme, c'est un des pays qui s'est beaucoup mobilisé pour elle", a insisté lundi Pierre Martial, président de l'association France Aung San Suu Kyi. Cette visite en France a pour but, selon lui, de "remercier tous ceux qui l'ont aidée pendant ces longues années" de privation de liberté en Birmanie et aussi d'appeler "un certain nombre de pays à investir en Birmanie d'une façon raisonnable et équitable".

Au chevet de sa mère malade

L'opposante avait entamé le 13 juin, en Suisse, un voyage en Europe, où elle n'avait pas mis les pieds depuis 1988. Cette année-là, elle s'était rendue au chevet de sa mère malade et n'avait plus quitté la Birmanie, rapidement placée en résidence surveillée par la junte.

Aung San Suu Kyi

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Après s'être rendue en Suisse, Aung San Suu Kyi est allée en Norvège où elle a rencontré les principaux responsables politiques. Le 16 juin à Oslo, elle a prononcé son discours de lauréate du prix Nobel de la paix, 21 ans après avoir reçu cette distinction. Elle a appelé à la réconciliation nationale, à la libération de tous les prisonniers politiques et réitéré son "optimisme prudent" dans la transition politique en Birmanie, actuellement dirigée par un ancien général, Thien Sein, qui a constitué un gouvernement presque totalement civil.

En Irlande, elle a également rencontré Bono, le chanteur du groupe U2 avant de se voir remettre le prix "d'ambassadeur de conscience" décerné par Amnesty International. A 67 ans - dont 15 passés en résidence surveillée- la chef de file de l'opposition birmane est devenue un symbole mondial de résistance pacifique et a été accueillie à chaque déplacement par des centaines d'admirateurs. Avant son arrivée en France, elle s'est rendue Angleterre où elle a reçu son doctorat honoris causa de l'université d'Oxford et s'est entretenue avec la famille royale mais aussi le Premier ministre, David Cameron.