Les appels d’intellectuels ou les suppliques des rebelles syriens n’y feront rien. Laurent Fabius a répété vendredi sur Europe 1 qu’il n’était pas question d’intervenir militairement en Syrie. Ni directement sur le terrain, ni en armant les rebelles face au pouvoir répressif et sanglant de Bachar al-Assad, a insisté le ministre français des Affaires étrangères depuis Beyrouth, au Liban, où il poursuit une tournée dans les pays limitrophes de la Syrie.
"Empêcher la contagion"
Ainsi, à BHL et à certains ténors de la droite, qui appellent de leurs vœux une intervention comparable à celle qui avait eu lieu en Libye, Laurent Fabius a répondu : "la règle de la France, qui a toujours été respectée, c’est qu’il n’y a pas d’intervention sans qu’il y ait une légalité internationale. La grande différence avec la Libye, c’est que les Nations-Unies avaient autorisé l’intervention", a rappelé le ministre.
"Deuxième point, la situation géostratégique et militaire n’a pas grand-chose à voir avec la Libye", a-t-il aussi estimé. "Il y a la crainte qu’on exporte au Liban, qui est un pays fragile, les tensions qu’il y a en Syrie. Il faut absolument empêcher cette contagion", a prévenu Laurent Fabius qui, au passage, s’en prend à l’attitude de Moscou, soutien indéfectible de Bachar al-Assad. "La situation du Liban rend complètement vaine la thèse développée par les Russes consistant à dire que l’ONU ne peut pas prendre de décision car c’est une affaire intérieure à la Syrie. Ça n’est plus une affaire intérieure. Ça devient une affaire internationale", a jugé le chef de la diplomatie française.
"Un embargo sur les armes"
Pas d’intervention directe, donc, mais pas non plus d’armement des forces rebelles. "D’abord, il y a une certain nombre de pays qui donnent des armes aux rebelles. Le Qatar, l’Arabie Saoudite et d’autres font passer des armes", a rappelé le ministre des Affaires étrangères. "Nous, les Européens, nous avons décidé d’un embargo sur les armes. On ne va pas contredire nos positions", a-t-il argué.
Laurent Fabius a également pointé les dangers d'un tel armement. "En ce qui concerne les armes puissantes, notamment pour détruire les avions, il y a un problème massif : on ne peut pas livrer des armes à des personnes dans des conditions qui risqueraient de se retourner ensuite contre nous", a poursuivi Laurent Fabius. "Je prends l’exemple libyen : il y a des armes qui ont été livrées. Aujourd’hui, on retrouve une grande partie de ces armes au Sahel, au Nord du Mali, pour, le cas échéant, atteindre des objectifs qui seraient européens", a rappelé le ministre.